Dans un mélange de comédie musicale, de danses exotiques, de mélodrame et de noir, l’Aventurière est un film plein de destins tragiques, de filles perdues, de méprisables séducteurs et d’odieuse tenancière de bordel supposée respectable. Tourbillon d'événements, l’Aventurière passe d'une situation mélodramatique à l’autre, du début à la fin. Il y a l'adultère, le suicide, le viol, la drogue, le chantage, le meurtre (réel et tenté), la trahison, la luxure et la vengeance. Tout cela agrémenté de danses exotiques et de rumbas endiablées interprétées par une Ninon Sevilla coiffée d’ananas ou de bananes du plus spectaculaire effet.
Et pourtant au début tout semble calme, serein, harmonieux. Mais très vite la jeune Elena apprentie danseuse de 18 ans à Chihuahua, va découvrir la fuite de sa mère avec son amant, le suicide de son père, faire l’apprentissage de la vie dans une nouvelle ville, des employeurs harceleurs, des hommes agresseurs, la trahison de celui qu’elle tenait pour un ami.
Mais tout cela n’est qu’une entrée en matière vite pliée.
L’essentiel du film va se développer dans l’esprit de vengeance qui dés lors va animer Elena. Tigresse, elle n’a plus ni douceur, ni sympathie, ces sentiments qui l’avaient rendue vulnérable. Elle ne le sera plus jamais. Elle va se venger de chaque personne qui lui aura causé du tort, et ne trouvera la paix que lorsqu’elle sera allé au bout de sa vengeance, par la liberté de son désir dans la danse, par le scandale social et familial qu’elle va créer. La force du film est cette ligne implacable de la vengeance d’une femme pour finalement gagner sa liberté de vivre et d’aimer à nouveau.
Même s’il n’atteint pas le niveau des œuvres d’Emilio Fernandez, ce film d’Alberto Gout séduit par son rythme, la superbe photographie d’Alex Phillips, la splendide galerie de personnages secondaires, mais surtout par le jeu de Ninon Sevilla, sa facilité à passer en un rien de temps, de l'innocence la plus pure à l’état de furie vengeresse et son talent de danseuse.