Deux ans après Gangs of New York, Léo retrouve Marty qui livre encore une sacrée fresque, esthétique, vertigineuse et bénéficiant d'une interprétation impeccable, pour évoquer des moments clé de la vie d'Howard Hughes, milliardaire excentrique, obsessionnel, ayant la folie des grandeurs, passionné d'aviation et pionnier de l'aviation civile, inventeur de génie, producteur de cinéma, patron du studio RKO, aventurier et grand séducteur, bref un touche à tout, mais aussi un homme en proie à d'étranges démons, dépeignant admirablement le fatal repli sur soi du génie.
A travers cette figure mythique et glamour, Scorsese évoque l'âge d'or du cinéma hollywoodien par une reconstitution majestueuse et virtuose, réalisant l'un de ses films les plus élégants, totalement habité par son amour du cinéma. Il mêle habilement le portrait d'un homme (même s'il ne décrit qu'une tranche de vie de Hughes) et le tableau d'une époque fièvreuse ; on retrouve les thèmes scorsesiens que l'on connaît, avec sa sensibilité d'auteur envers la folie et les failles humaines, et d'ailleurs on peut comparer ce biopic à celui de Jake la Motta dans Raging Bull, un homme qui connait aussi gloire et décadence.
Le casting est superbe, avec en tête un Di Caprio qui transmet toute cette énergie qui agitait Hughes, et qui aurait bien plus mérité l'Oscar que pour The Revenant, sa performance étant impressionnante. Cate Blanchett et Kate Beckinsale incarne les stars hollywoodiennes avec classe (respectivement Katharine Hepburn et Ava Gardner), Jude Law incarne Errol Flynn même s'il ne lui ressemble pas, et on trouve aussi Alec Baldwyn, Ian Holm, John C. Reilly, Danny Huston, Alan Alda, ou Willem Dafoe... bref que du beau linge.
Malgré toutes ces qualités, je me suis un peu ennuyé par endroits, le film accuse quand même quelques longueurs et quelques creux, c'est un récit intime à gros budget (reconstitution du portail du Grauman's Chinese Theatre) en même temps qu'un vrai film d'auteur, mais un peu plus de fluidité aurait été bienvenue.