D’abord entre les mains de Michael Mann, le projet d’un biopic sur la vie de Howard Hugues échoue finalement entre celles de Martin Scorsese, ce dernier décidant de se concentrer sur une vingtaine d’années de sa vie, commençant vraiment sur le tournage du film Hell’s Angel jusqu'au vol de son avion fétiche, le Spruce Goose, le plus gros de l'époque.
Scorsese décide d'opter pour passer sous silence certains moments phares de la vie de Hughes, pour mieux en mettre en avant d'autres, il prend le parti de vraiment se concentrer sur l'homme et sa psychologie, n'évoquant pas, par exemple, certaines opinions politiques douteuse. Finalement, cela s'avère une réussite, Scorsese montrant une fois de plus qu'il a le sens de la fresque et de la reconstitution, nous passionnant pour ce milliardaire, génie et mégalomane. Il étudie avec profondeur et complexité ce personnage, abordant avec brio plusieurs faces de sa personnalité tels que sa passion pour l'aviation et le pionner qu'il a été dans ce secteur, le cinéma, le côté industriel ou encore sa vie privée et son rapport avec les femmes.
Scorsese laisse toujours planer une ombre mystérieuse sur ce personnage, d'ailleurs il se fend au passage d'une critique du rêve américain et des conditions politiques et sociales de ce pays durant la période évoquée tout en rendant un hommage, en tant que passionné qu'il est, à l'industrie du cinéma de cette époque ainsi qu'aux beaux jours du glamour américains des années 1920 et 1930.
Et puis, quel choix judicieux d'avoir confié ce rôle à Leornado Di Caprio et au passage, de nous montre clairement que dans un biopic (tout le temps romancé), il ne faut pas forcément chercher à tout prix à ressembler au protagoniste (Di Caprio ne ressemble en rien à Hugues) mais il faut que l'acteur s'approprie le personnage et le rende crédible, ce que fait à merveille le nouvel acteur fétiche de Scorsese avec qui il collabore pour la deuxième fois. Les autres interprétations sont impeccables, que ce soit Alec Baldwin ou Cate Blanchett en Katharine Hepburn.
S'il se montre parfois un peu trop démonstratif, la réalisation de Scorsese n'en reste pas moins efficace et plutôt immersive, tout comme le style visuel qu'il utilise, assez proche du technicolor. La photographie est magnifique et la reconstitution à la hauteur du sujet évoqué, grandiose, que ce soit au niveau des décors ou des costumes.
C'est à travers ce complexe et passionnant portrait humain que Martin Scorsese continue de se réinventer, en faisant briller un DiCaprio alors au sommet de son art.