Aviator par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Howard Richard Hugues possède une telle fortune qu'il est, sans aucun doute, l'un des hommes les plus riches des États-Unis. Dans sa vie, il voue deux passions: l'une pour son métier de producteur de cinéma et l'autre, datant de son plus jeune âge, pour l'aviation. Ce film s'attache à nous décrire la vie de cet homme passionné et obstiné d'aéronautique et dont le point d'orgue sera la création de son fameux "Spuce Coose", également nommé "H4 Hercules", hydravion gigantesque qui ne volera qu'une seule fois en novembre 1947. Pour en arriver à une telle réussite personnelle à la fois dans le domaines du cinéma et dans celui de la technologie aérienne, il devra batailler dur, avec obstination. Ses films, par leur hardiesse, choquent les âmes bien pensantes des commissions de censure. Ses avions à la technologie révolutionnaire froissent la compagnie officielle PANAM. Son but, et il y parviendra: imposer à l'État sa propre compagnie, la TWA. Malheureusement, la fin des jours de cet homme inventif et puissant ne sera pas à la hauteur de sa brillante carrière de précurseur.


C'est la formidable destinée d'un homme hors du commun qui nous est relatée de fort brillante manière par le chevronné Martin Scorsese. Il est vrai qu'Howard Richard Hugues est un véritable personnage de roman. C'est un séducteur auprès des femmes (sa liaison avec l'actrice Katharine Hepburn fut passionnée), mais aussi un tempérament de feu pourvu d'une imagination et d'une énergie sans limite dans des domaines aussi différents que le cinéma et l'aviation. De plus, il ne doute de rien. Sûr de lui, de son bon droit et dopé par les avantages que peuvent lui apporter sa fortune, il n'hésite pas affronter les plus hautes institutions, se croyant indispensable à sa nation. En fait, ce personnage est, malgré sa vanité, un avant-gardiste autant dans l'art cinématographique dans lequel il n'hésite pas à émanciper la pellicule, que dans le monde de l'aviation où sa devise semble être: toujours plus vite, toujours plus gros. La chance lui sourit. Grâce à son culot, il abat sans relâche les obstacles que lui tendent l'administration et les dirigeants de la compagnie aérienne "officielle"qui tient à garder le monopole des grandes relations étrangères. Malheureusement, le héros a une faille et celle-ci lui sera fatale. En effet, une psychose obsessionnelle le tenaille très tôt et va en s'aggravant. Malade, devenu presque fou, il aura dépensé sa fortune pour la réalisation et la promotion de ses films jugés scandaleux à l'époque, mais aussi dans la technologie de l'aviation où rien ne sera trop cher ni trop beau pour défendre et promouvoir la TWA, sa compagnie


C'est une vie tumultueuse d' homme assez méconnu, mais au combien déterminant pour son époque, que Martin Scorsese a décidé de relater. Le sujet, à première vue, pourrait paraitre un peu rébarbatif, et pourtant, le réalisateur signe une œuvre d'une grande originalité et nous gratifie d'une mise en scène d'une grande sophistication. Le climat de l'époque est fidèlement reconstitué, ce qui donne une force de persuasion supplémentaire à l'intrigue. Leonardo DiCaprio se montre absolument convaincant dans un rôle délicat. Sa performance dans les scènes où il incarne son personnage pris par la maladie est remarquable. L'acteur se montre souverain et pathétique dans la séquence passionnante durant laquelle, diminué par son mal, il doit affronter la justice de son pays. Il est vrai que c'est sous la direction de Martin Scorsese que son talent, selon moi, se fait le plus ressentir. Cate Blanchett nous remémore avec émotion la sémillante Katharine Hepburn, entraînée dans ce tourbillon médiatique provoqué par la gloire de l'intriguant et influant Howard Richard Hugues.


Sans être le meilleur film de Martin Scorsese qui reste pour l'instant, à mon avis,"Casino", voici une très intéressante biographie d'un personnage que l'on pourrait qualifier d'aventurier des temps modernes. Cela nous offre une œuvre passionnante, esthétique et parfois touchante que je vous conseille vivement.

Grard-Rocher
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le 25 mars 2013

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