A mi-chemin entre interview intimiste, et biopic hommage, "I'm Tim" fait tristement écho (même s'il reste plus en surface) à True stories, documentaire mis en ligne sur Netflix quelques semaines avant la mort d'Avicii.
En reprenant une approche similaire dans sa première partie, (l'immersion au plus près de l'artiste par l'exploitation de vidéos familiales), le projet semble dans un premier temps reprendre les codes de son aîné, mais revêt un caractère moins intimiste que le doc de 2018.
Nous sommes plus ici dans la veine classique du document biographique : la vie et la carrière de de Tim Bergling, Dj House (terme un peu vieillot utilisé par le récit) de génie sont visitées à travers le prisme de nombreuse interventions extérieures, témoignages de proches (collaborateurs, famille, amis) avec les redondances et clichés liés au genre.
Mais dès que le film aborde l'artistique, la création, le propos se veut soudain plus passionnant plus aérien, Avicii apparait alors dans toute ses dimensions : créateur de talent, précis, rigoureux, avec un sens de la mélodie quasi inné, visionnaire dans l'approche de ses compositions et de l'orientation qu'il souhaite donner à son travail; les séquences d'enregistrement comme autant d'actes de génèse, les morceaux composés en présence des artistes "vocaux" (Dan tyminski, Aloe Blacc, Chris Martin...) donnent immédiatement "le frisson".
Les sceptiques, qui voyaient en AVICII en simple "sampleur" le découvrent musicien compositeur, précis dans ce qu'il attende des prestations vocales qui accompagnent ses créations ou ses samples.
Le succès, démesuré, inattendu et surtout les exigences accompagnant désormais l'artiste électro dévoileront très vite un mal-être palpable depuis le début de sa carrière, Tim ce gamin timide, en retrait, geek composant des beats dans sa chambre, propulsé génie de l'électro, idole d'une génération devient également la poule aux œufs d'or :
Je pensais seulement à l'aspect efficace des morceaux, c'est la science du top 50.
Je suis cynique, Tim lui voulait faire de l'art.
Je reconnais que c'est nul
Per Sundin, directeur artistique.
Evidemment, la dernière partie du documentaire aborde les relents nauséabonds d'une industrie toujours plus avide, le stress d'un jeune homme qui ne parvient plus à assumer un statut iconique qui le dépasse :
Vous dites que je dois adapter ma musique pour qu'elle capte l'attention dans les cinq premières secondes ?
(...) alors je suis bien obligé
-Tim Bergling-
Et l'on repense à Gotye ce chanteur de 21 ans qui a en 2011, connu un succès planétaire avec "Somebody That I Used to Know", mais qui "dépassé par l'industrie musicale" a mis un terme à sa carrière solo pour se consacrer à la musique en amateur...