Il arrive qu'on m'offre une place de cinéma - étant généralement ouvert à tout, même aux films pour lesquels je n'aurai sans doute jamais dépensé un kopeck dans une autre situation, je me laisse souvent tenter. Desfois j'ai de la chance, je tombe sur d'énormes surprises (je pense à "Dragons") mais il arrive bien souvent que mes craintes se justifient dès les premières secondes.
"Avis de mistral" s'ouvre sur un générique rythmé sur "The Sound of Silence" de Simon & Garfunkel. Un peu plus et on se croirait devant "The Graduate". Un gamin contre la vitre d'un train, des raccords dégueulasses (parce que visiblement faire un plan fixe de plus de trois secondes sans couper, ça n'existe pas dans le langage de Rose Bosch), des noms connus au générique : on passe de Jean Reno à Hugo Tout Seul, en passant par la fille d'Alexandra Lamy, mais aussi Hugues Aufray et Charlotte de Tuckheim en guests stars. Une fois une longue scène terminée qui ne servait qu'à appuyer très lourdement la surdité du-dit gamin dont on parlait tout à l'heure, on entre enfin dans le feu de l'action : les gens, dans ce train, sont des Parisiens. Leur papa s'est cassé de la maison et maman a décidé de les envoyer chez Papy et Mamie dans la province profonde, jugez pas vous-même : la Provence. Je vous épargne les détails, apparemment les petits Parisiens n'ont jamais rencontré leur grand-père et n'ont jamais quitté Paris (à part peut-être pour aller à la montagne en février, mais vous me direz que la montagne pendant les vacances de la Zone C à cette période de l'année, ça ressemble beaucoup à Paris, sauf qu'on remplace les voitures par les skis, et les étrangers par les savoyards). Alors bon, moi je me suis dit : "Oh ! Un film sur le choc des cultures ! Probablement réalisé par une provençale ! En somme : un Bienvenue chez les ch'tits dans le sud !" J'étais bien niai de croire ça.
Rose Bosch c'était déjà la criminelle auteur de "La Rafle", ou "La Liste de Schindler" pour les nuls. Inspiré sans doute par quelconque souvenir qu'elle a trouvé bon de transformer en film, elle nous a donc livré "Avis de mistral". Je ne sais pas à quel niveau elle a été impliquée dans le projet, si elle a oui ou non dû se plier à certaines règles, si elle avait pour ambition de faire un film pour provençaux, provinciaux ou juste pour les parigots. Parce qu'au final, le constat est simple : "Avis de mistral" c'est un film sur les parisiens, pour les parisiens, par les parisiens. Entre la vision d'une Provence fantasmée (villages anonymes avec des vieilles maisons, le soleil et des bars, entourés de longs paysages tous identiques avec des cigales et des chevaux sauvages, sans oublier tout plein de jeux à base de taureaux) et les personnages principaux qui, sans broncher, balancent que "Paris c'est la plus belle ville du monde", je savais pas où me mettre.
"Mais voyons", me direz-vous. "Tu fais la fine bouche ! Il y a des bons films pour parisiens, et pas forcément pour les bobos !" Oui mais non. Le problème c'est qu'en plus de dire que "La province bah c'est presque aussi cool que Paris même si y a pas de réseau", Rose Bosch peint inconsciemment le portrait stéréotypé du Parisien avec beaucoup de tendresse. Les trois gamins tête d'affiche sont insupportables. Sérieusement. Je sais pas si la volonté du film dans sa première partie était de faire passer le personnage de Jean Reno (le grand-père dans le film) pour un tyran (il semble que ça soit le cas), mais moi tout ce que j'avais envie c'était de donner deux paires de baffe à toute la portée tellement ils étaient chiants et irrespectueux. Dans un feel-good movie ça pose problème, vous ne trouvez pas ? Sérieusement, entre la fille pseudo-écolo qui pète un câble parce qu'on achète pas du bio et l'ado qui inscrit (sans qu'on le lui ait rien demandé) ses grands-parents sur Facebook pour le fun, c'était assez invraisemblable. Puis bon, la gamine qui passe le brevet se tape un mec de 25 ans sans que personne n'y trouve rien à redire, aussi.
Me voilà fatigué de déverser ma haine sur ce film. C'était pas forcément très intéressant, et il y a sans doute encore tout plein de choses à dire, mais si ça peut empêcher quelqu'un de voir cette daube, ça aura au moins servi à quelque chose. "Avis de mistral" c'est la comédie dramatique classique et insupportable, aux personnages écrits avec des matières fécales et à l'histoire cousue de fil blanc. Rose Bosch n'est décidément qu'une tâcheronne : et non, si je n'aime pas ton film, je ne suis pas forcément un nazi.