René Vautier est un réalisateur méconnu qui mériterait vraiment qu'on reparle de lui pour l'engagement qu'il a montré tout au long de sa carrière. Pou filmer la guerre d'Algérie comme il le fait en 1972 il fallait en avoir des grosses et des belles. Ca fait peut être 10 ans que c'est terminé, mais "les évènements" restent un sujet tabou. Ce film sera d'ailleurs interdit en France, comme le plus célèbre La Bataille d'Alger.
Cependant si ces deux films critiquent le bien fondé de cette guerre ils sont aussi très différent. René Vautier ne montre pas tant les débordements de l'armée française et la résistance des indépendantistes que le désarroi des engagés français face à une situation qu'ils ne comprennent pas. En un sens ce film précède aussi les grosses productions sur la guerre du Vietnam Platoon, Apocalypse Now, Né un 4 juillet, et la célèbre exclamation de Rambo "c'était pas ma guerre!".
Bien que le propos soit courageux et même admirable, on est bien obliger de mettre un bémol sur la réalisation. C'est un film de guerre français. C'est à petit budget. Et surtout René Vautier est un réalisateur de documentaire. Ca se ressent dans la production du film qui a été précédé d'un énorme travail de recueil de témoignage pour atteindre un maximum de réalisme. Malheureusement ça se ressent aussi dans la réalisation monotone, voir léthargique.
Qu'on soit bien d'accord, Avoir 20 ans dans les Aurès n'est pas une grande œuvre cinématographique. On n'en prend pas plein les mirettes et on est pas ébloui par le jeu d'acteur. Mais ce brulot n'en reste pas moins une œuvre indispensable. Il l'était en 1972, et pour ça il mérite qu'on s'en souvienne