On est en 1978, à Rome. 2 femmes se rencontrent sur une plage de nudistes. Elles sont jeunes, belles, particulièrement chaudes et décident de partir ensemble à la conquête du plaisir fugace. Un pitch pareil, ça ne peut qu'être celui d'une de ces nombreuses commedia sexy all'italiana qui pullulaient dans les 70's. Pendant les 45 premières minutes, c'en est clairement une: un road movie où nos gourgandines draguouillent tous les hommes qui passent ou encore se déshabillent à tout va, entrecoupées de scénettes comiques délicieusement ringardes. Elles débarquent ensuite dans un sorte de gîte habité par une communauté d'hippies plus barrés les uns que les autres (notamment l'inénarrable Vittorio Caprioli, qui m'avait déjà fait bien marrer dans Le Magnifique et L'Aile ou la Cuisse), s'imaginant sûrement y trouver la liberté sexuelle qu'elles cherchent.
Et c'est là que la désillusion commence à pointer le bout de son nez: Après un certain enthousiasme face à un univers aussi cool, elles remarquent au final que la moitié de ces gens sont éteints, assommés par la drogue et que l'autre moitié refait le monde et n'a pas la tête à l'amusement. Les héroïnes ne seront pas au bout de leurs surprises, cette désillusion s'assombrira de plus en plus jusqu'à un final d'une grande brutalité! Fernando Di Leo osera même conclure son film avec la même musique disco qui l'ouvrait: un tel contraste rend encore plus fort cette terrible fin!
Un changement de ton et une conclusion très sombre qui ne sont pas étonnants de la part d'un réalisateur comme Di Leo, plutôt faiseur de polizio bien sombres.
D'abord, il se moque très clairement de la comédie érotique qui cartonnait à l'époque en faisant même jouer deux des stars du genre (Gloria Guida et Lilli Carati) qui s'autocaricaturent et cassent leur image de plus en plus que l'histoire avance.
Ensuite, l'âge assez avancé du réalisateur (50 ans) fait qu'il porte un regard très distancié et sceptique sur cette libération des mœurs dans la jeunesse (un peu comme Mocky avec Solo). Dans Avere vent'anni, l'insouciance laisse place à la décadence et l'inconscience de toute une génération qui subit de plein fouet les troubles politiques, la fin des Trente Glorieuses etc...
Une oeuvre hybride vraiment intéressante, réussissant à capter l'esprit d'une époque et posant un point de vue froid et bien réac' sur celui, mais qui est malheureusement un peu creuse: la partie se passant dans le gîte est tout de même bien longuette et ce mélange risqué des genres fait que De Leo ne va pas assez loin dans chacun d'entre eux.
Par ailleurs, il faut être un habitué du cinéma bis italien pour pouvoir cerner à 100% un OFNI pareil ou sinon, on n'y verra qu'une Zderie érotisante sans grand intérêt!