Il y a des films pour lesquels Walter Salles est bien connu et reconnu (Terre Lointaine, une famille brésilienne, carnet de voyage...). Avril Brisé n'est pas celui qui a fait sa réputation aujourd'hui car c'est aux oubliettes qu'on le retrouve... et c'est bien dommage ! Je pense qu'il n'a pas rencontré son public à temps mais que la vieillesse lui réussi plutôt bien. Au premier abord, il peut sembler avoir des allures de téléfilm mais à regarder de plus près, l'oeuvre propose un scénario riche et un récit à multiples interprétations en évitant toute prétention filmique.
Tout d'abord, il s'impose au sein de l'histoire du cinéma Brésilien en affirmant son héritage du cinema novo (equivalent de la nouvelle vague au Brésil) en encrant l'intrigue dans les plaines arides et cruelles du Sertao Brésilien. Paysage physique dans lequel se reflète le paysage psychique des protagonistes (à la manière d'Antonioni) qui mènent une vie misérable travaillant cette terre impitoyable sans relâche. merveilleuse vitrine de la malédiction qui les touche, évoquant le sang qu'elle a fait couler par la terre battue, la chaleur et le soleil instaurant un climat infernal. Elle est aussi marquée par la métaphore divine car dés les premières minutes elle est présentée comme la cause du destin et du mauvais sort. Ici se profil l'influence du western dont la figure se rapproche de Dieu, et de la mythologie car elle est perçu comme une sorte d'enfer, le bagne et les corvée comme punition divine. L'isolation soutient cette idée, de même que le clair-obscur ou l'omni-présence du cercle évoquant l'idée de cercle vicieux. La machine à moudre la canne à sucre est la métaphore parfaite de la mécanique engendré par le père : armé de son fouet il ordonne aux boeufs de mettre en marche le dispositif (au nombre de deux, ils symbolisent les enfants) tandis que la mère ramasse les restes (et pleure ses fils), tout cela dans un mouvement circulaire. Elle prend la forme de rouages d'une horloge rappelant cette idée de temps et de fatalité incarnés par la figure du père adverse, veille homme aveugle, véritable sosie d'Homère. L'idée de temps est aussi présente dans le mouvement de la balançoire qui évoquent ceux d'une pendule et par la lune (cercle encore).
Il resterait encore beaucoup de choses à dire sur les ressorts mythologiques du film, mais c'est un peu rébarbatif.