Je ne comprends pas pourquoi la plupart des gens s'enthousiasment à propos de ce film qui n'est pour moi qu'une adaptation de tout ce qui a déjà été fait en science fiction jusqu'à présent. Ex machina, dans son enveloppe moderne, futuriste, minimaliste soutient un discours désuet sur la machine et les femmes que je trouve très dérangeant.
Tout d'abord, parlons du fait que dans 98% des films de SF mettant en scène des robots qui menacent la survie de l'humanité, l'intelligence artificielle est perçue comme une machine créée par l'homme pour effectuer une tache précise sous les ordres du père créateur (Blade Runner, I.A, Terminator, etc). La machine est donc l'esclave de l'homme et c'est le fantasme de la rébellion de l'esclave qui provoquent la peur de l'androïd. Etrangement, Ex Machina décide de fonder son intrigue sur un créateur (pervers "mi-proxenet") d'androïds femelles dont les taches sont de le servir et d'assouvir ses moindres désirs. Il serait donc une sorte de néo père incestueux, mi proxenet, qui se prend pour dieu... Mais en plus de cela, Ava est la figure de la "femme fatale", ou de la femme manipulatrice. Le discours frôle le machisme, et cela m'a beaucoup dérangé au premier abord.
Ensuite, tout un travail autour de l'esthétique au sens large l'inscrit dans une longue lignée de films SF sans originalité tout en participant à un discours dérangeant, symptôme de notre société, certes, mais tout de même assez dérangeant. Il est claire que l'air du digital nous offre une liasse de film qui veut nous vendre de la technologie sur le mode publicitaire. C'est beau, propre, parfait, épuré, minimaliste, standardisé et vide de toute poésie... Si la création est un thème prégnant dans le film par le biais de la création d'android par Nathan et les dessins que réalise Ava, celle du film l'est aussi. L'analogie est simple, Nathan crée des I A en se servant et vendant des avancés technologiques quand Alex Garland crée un film sur le même mode (faisant de la pub à apple en passant). Tout est rendu attirant et attractif à l'image tout comme le sont les femmes fabriquées par Alex, qui sont elles-même des standards de beauté fulgurantes, objets de fantasme et jouets sexuels. Alex lui-même passe son temps libre à se muscler...
Certaines idées de mise en scène sont intéressantes en particulier autour des vitres, des glaces et des reflets, sur lesquels se basent la plupart des figures de style utilisées pour signifier parfois l'obstacle invisible et infranchissable entre Caleb et Ava, et graduer la complicité qu'ils entretiennent.
La musique est pas mal, elle rappelle justement les sons que l'on peut faire sur les contours d'un verre, mais c'est insupportable au bout d'un moment. Cela doit être fait exprès. Les acteurs sont bons, et soutiennent l'idée que ce film tente de rafraîchir la SF hollywoodienne par le biais de nouveaux talents. la stratégie fonctionnait à sa sortie, mais maintenant qu'on a vu Alicia Vikander et Oscar Isaac partout, ça marche plus trop ... mais ça c'est de la mauvaise foi de ma part.