Un film tout à fait étonnant, non par son sujet (la dictature argentine, et les disparitions) mais par la façon de le traiter, à travers le voyage d'un banquier suisse qui visite les clients de son associé mystérieusement disparu (en fait il a sans doute oublié la consigne contenue dans le titre, d'où sa disparition). Le vrai sujet est finalement la compromission (le titre signifie en gros "ne rien dire") de ceux qui traitent des affaires sans s'occuper des agissements (si condamnables soient-ils) de leurs clients. C'est traité dans un style élégant, feutré, qui rend les situations encore plus glaçantes. Le héros comprend où il s'est fourré, mais reste impassible et indifférent (il répond à la requête de quelqu'un dont la fille a disparu juste parce que sa banque peut le faire, pas par grandeur d'âme). A ce sujet, ce qu'il y a de plus glaçant, ce sont la scène au Cercle des armes (on lui montre et commente des tableaux, alors que la bande-son fait entendre des cris- il est très probable que ces locaux abritent une salle de torture) et le plan final...La preuve qu'on peut savoir et laisser faire quand ça arrange ("leçon" valable en tous temps).
On peut noter aussi que le film suit une progression qui aurait pu être celle d'un film du type descente aux Enfers, jusqu'au dernier cercle, le plus terrible, où plus aucun espoir n'est permis. Ca rend à mon avis le comportement du personnage principal encore plus glaçant...(pardon pour la répétition du terme, mais c'est ce qui rend le mieux compte de l'impression laissée par ce film)
Reconstitution stylisée, impeccable et excellente interprétation.
Malheureusement, la distribution de cet excellent film est très confidentielle...