Bonne nuit, ma chère. Et n'oubliez pas mon nom : je m'appelle Baba Yaga.
Baba Yaga est un film d'horreur franco-italien réalisé par Corrado Farina, qui adapte le tome 3 d'une bande dessinée érotique de Guido Crepax : " Valentina et Baba Yaga ". Une adaptation plus intellectuelle qu'horrifique, qui présente un réel intérêt autour de son exposition décalé grace à un esthétisme bien ficelé. Une cinématographie psychédélique véhiculée par le biais d'une structuration onirique qui alterne intelligemment l'art de la photographie avec les méandres du rêve. Un montage cadré autour d'une expérience éminemment personnelle pour son héroïne dont on ébranle l'intimité en assistant à la nature des liens érotiques qui partagent son espace psychique. Une technicité très appréciable à laquelle on peut rajouter l'excellente séquence dans le cinéma autour d'une projection cinématographique autour de l'expressionnisme muet (le seul moment frissonnant ressenti), ainsi que les quelques magnifiques illustrations de la bd de Guido Crepax que l'on retrouve durant la séquence d'ouverture, appuyée par la composition musicale atmosphérique strident de Piero Umiliani. Une belle tentative onirique symbolique érotique de réalisation autour d'un désir sulfureux fantasmé, malheureusement freinée par un scénario désymbolisant et somnolant.
Malgré sa courte durée, Baba Yaga est un film terriblement long dans lequel on s'ennuie avec son histoire qui réagit avec une lenteur anormale et qui patine de long en large autour d'une action qui évite l'effort. Le récit se résume à si peu de chose que cela aurait pu parfaitement cadrer pour un court-métrage. Un constat que l'on doit au scénario du cinéaste qui se contente du strict minimum pour se concentrer un maximum autour de son ambiance mystérieuse, qui passée un temps ne fonctionne plus. On s'ennuie et on espère qu'il va enfin se passer quelque chose, et lorsque le miracle surgit : le rideau de fin tombe ! En découle une expérience frustrante qui au vu de sa proposition avait largement de quoi rendre le tout plus attractif, à croire qui si la technicité brille d'imagination l'écriture elle est d'une paresse intellectuelle navrante.
On se contentera donc d'une intrigue articulée autour de Baba Yaga incarnée par une Caroll Baker vieillissante. Une femme lugubre et énigmatique qui va lancer un maléfice à un appareil photo qui va servir de point de cible à Annette, une poupée BDSM en quête de chair fraiche. Une poupée qui lorsque l'appareil capture la photographier d'une personne prend la forme d'une belle bombasse en latex seins et fesses à l'air incarnée par Ely Galleani, qui va se transformer en ange de la mort BDSM. Attention le coup de cravache ! Un cadeau offert à Valentina Rosselli, une jolie femme, aux traits fins, photographe qui va devenir le jouet de Baba Yaga qui s'est éprise de la belle demoiselle. Valentina, incarnée par une comédienne qui n'est autre qu'Isabelle Girard, dite Isabelle de Funès, nièce du grand Louis de Funès. On appréciera sa petite performance qui sans être transcendante offre une performance satisfaisante. On regrettera que le rôle de Valentina soit le plus important à l'écran pour la comédienne qui finalement se tournera vers la photographie. À croire que ce personnage l'aura inspirée.
Ne reste qu'un film d'horreur sous-exploité concentré autour d'une épouvante gothique sur un suspense en premier lieu efficace, qui rapidement perd en intérêt à cause des nombreux trous narratifs. Des trous qu'on tente de boucher à quelques endroits avec des petites tenues affriolantes sur des belles femmes qui exhibent allègrement leurs fesses et poitrines. Malgré les belles formes, le bateau prend l'eau jusqu'à couler en faisant tomber le spectateur dans les limbes du sommeil. Seul le comédien George Eastman en tant qu'Arno Treves, viendra nous tirer de notre léthargie en venant légèrement dynamiser le récit par une action un brin minable, mais action quand même, et dans un film qui en est complètement dénué ça fait déjà beaucoup. On se régalera tout de même de la petite séquence BDSM durant laquelle la poupée Annette version Ely Galleani, s'éclate à fouetter avec une cravache la comédienne Isabelle de Funès, devant une Caroll Baker totalement envahi d'un sentiment jouissif intense.
CONCLUSION : ##
Baba Yaga de Corrado Farina, tiré d'une bande dessinée érotique de Guido Crepax, est un film d'horreur ennuyant à mourir qui trouve un brin de résurrection dans sa réalisation à travers une mise en scène onirique psychédélique brillante, malheureusement desservi par un scénario inexistant faisant office de puissant sédatif. Ne reste que les belles comédiennes en petites tenues affriolantes qui viennent un peu titiller un spectateur somnolent.
À voir pour la participation d'Isabelle de Funès, la nièce de Louis de Funès.
- Mais... comment savez-vous que j'habite ici ?
- Il y a bien des choses que vous ne pouvez comprendre. Du moins, pour l'instant. Je parviendrai peut-être à vous les expliquer. Et je le ferai volontiers. Mais d'abord... D'abord, je dois être sûre. Vous permettez ?
- Mais que...
- Voilà, vous me pardonnerez. Mais j'avais besoin d'un objet personnel. Ne vous inquiétez pas, je vous le rendrai demain.