S'il y avait une chose que je n'attendais pas des studios Dreamworks, c'est bien un film qui aille rivaliser avec les classiques Pixar sur leur propre terrain, c'est-à-dire celui des films "à fort concept", et qui en plus s'en sorte aussi bien (même s'il reste encore pas mal de scories sous-forme d'humour référentiel soi-disant à destination des parents, qui est la plus grande tare du studio - on appréciera même le clin d’œil à l'intro du premier Indiana Jones, matinée d'une référence au "Mission : Impossible" de De Palma...). Et pourtant, dès les premières scènes, vraiment épatantes d'inventivité et de profondeur, on sent que "Baby Boss" cherche à jouer dans la cour des grands : à partir d'un scénario aussi absurde que habile, il s'agit ici de modéliser les conflits familiaux traditionnels liés à la venue d'un bébé (ou à l'adoption d'un chiot, en fait...) et de les confronter aux codes du monde du business, pour finalement renvoyer dos à dos des comportements "standardisés", dont on aura bien ri. Bien sûr, on est dans un film américain, donc il s'agit de faire l'éloge de la "vraie émotion", de "l'amour qui est infini et peut donc être partagé", et toutes ces niaiseries qui viennent gâcher les 10 dernières minutes du film... Sauf qu'un dernier plan montrant l'oncle capitaliste distribuant les billets verts prouve qu'on n'est pas complètement dupe d'un happy end codifié. Voici donc une petite réussite réjouissante, qui fait également le pari de la simplification graphique, et d'un univers fantasmagorique plus proche du dessin animé traditionnel, et refuse donc de participer à "la course à la technologie" pour faire office de production modeste. Oui, un Dreamworks intelligent : tout arrive ! [Critique écrite en 2017]