J’avais un peu peur de ce que me réserverait ce troisième film. Passé la bonne surprise, le trip, le plaisir coupable des deux très bons premiers épisodes, je m’attendais assez naturellement à être déçu par une baisse de régime et de qualité ; et il s’est avéré que non seulement j’ai eu tort, mais qu’en plus en lieu et place de baisse de régime et de qualité j’ai eu droit à une évolution formelle et narrative des plus salvatrices et délectables.
Misumi, Koike et Kojima abandonnent quelque peu la structure en beat them all à laquelle je faisais référence sur le deuxième opus, et prennent le parti pris de plus de sobriété dans la mise en scène au service d’un récit moins baroque et à la tension équilibrée, qui confère au tout une ambiance de western difficilement niable (je rejoins d’ailleurs sur ce point la critique de @Kenshin).
En effet, l’introduction d’éléments tels que les pistolets —surgissant fréquemment, les duels avec plans de visage que certains accents dans la musique soulignent, le cadre essentiellement extérieur (grandes étendues, montagnes, forêt), et bien sûr le personnage du pistoléro fanfaron à la dentition douteuse, sont autant d’ingrédients venus apporter une touche d’exotisme appréciable et évitant d’enfoncer l’histoire dans la routine.
Moins de combats à chaque tournant de sentiers, mais des échanges toujours aussi tranchant, rassurez vous.
Wakayama roule sa bosse avec un charisme inoxydable, Daigoro est plus présent et gagne en expressivité, le caddie est décidémment un véritable Kinder surprise de l’enfer et c’est complètement jouissif, Yuko Hamada donne envie de manger japonais ; bref on ne s’ennuie pas.
Misumi semble un peu se pauser tout en nous préparant, par une bonne répartition de la tension, à ce que le sang coule subitement et furtivement plutôt que de nous abreuver de façon quasi systématique et régulière, à l’instar des premiers films, de rixes qui auraient pu faire tomber la franchise dans une rengaine suicidaire.
Cerise sur le gâteau —et raison principale de ma recommandation, la dernière demi heure réserve son lot d’action éclatante et de philosophie guerrière, justifiant à elle seule d’enfourner la galette dans votre lecteur et de l’apprécier dorée à point, à la fin d’une heure trente de cuisson.