Après deux volets montant crescendo dans le délire visuel et gore, je m'attendais à en prendre encore plein la vue sur ces deux aspects. Pourtant, loin de suivre la route tracée par ses prédécesseurs, Baby Cart 3 prend une direction différente, mais tout aussi convaincante.
Le film creuse en effet le personnage d'Ogami Itto en ne le présentant plus uniquement comme un combattant invincible à la morale tordue, mais en approfondissant les tenants et aboutissants de cette morale, notamment par le biais du personnage du samouraï devenu mercenaire, qu'il affrontera au début et à la fin du film. Ce personnage-miroir permet de faire plus ample connaissance avec le code moral d'Ogami Itto, tout en lui proposant un adversaire redoutable, car décidé à mourir pour les mêmes valeurs que les siennes.
Le petit Daigoro devient véritablement un personnage à part entière, et continue son apprentissage de la vie auprès de son père / professeur, ce qui amène son lot de scènes drôles (le stratagème pour se débarrasser du pistolero) et touchantes (Daigoro s'ennuyant pendant que son père prie).
Le cœur du film est pourtant bien son scénario, bien moins accessoire que dans le second volet, puisqu'il fouille un peu le passé du héros et tisse une toile plus intéressante et mieux construite qu'auparavant. Le film finit en apothéose avec une bataille opposant le patibulaire vagabond à toute une petite armée. Un combat d'une maestria affolante qui finit (forcément) en bain de sang, comme si la violence, relativement contenue dans tout le film, jaillissait enfin dans une puissante et incontrôlable éjaculation.
Plus sage que ses aînés, Baby Cart 3 gagne en profondeur ce qu'il perd en folie. Un changement surprenant, mais parfaitement exécuté - et, que l'on se rassure, dans l'absolu, le film reste digne de la folie de la série.