Edgar Wright est de retour avec un hybride cinématographique à la croisée de Drive, Jackie Brown, Need For Speed et... une comédie musicale. Jouissant d'un montage audacieux et qui fait pourtant sens, Baby Driver, porté par sa bande-son, devient également jouissif. Au fond, ce cocktail de braquage qui se passe hors champ et de personnage mutique qui passe d'une voiture à l'autre fait largement penser au jeu vidéo Grand Theft Auto 3 et ses suites. S'inscrivant dans la lignée des polars d'actions américains, sa forme aboutie séduira les amateurs.
Was he slow?
Le film démarre en trombe. Très vite, aussi vite que le protagoniste principal roule, le spectateur peut prendre peur. Est-ce que le développement va être aussi nerveux ? Car si la scène d'introduction impressionne, on ne compte plus les films qui s'essoufflent ensuite. Ce n'est pas le cas. Tout d'abord grâce au fait que le film est scripté au détail près. Ensuite parce que le casting fonctionne et que le scénario passe d'un personnage à l'autre aussi vite que les chansons et les coups de volant. Enfin le cadrage est le montage sont poussés au paroxysme de la fluidité. Et en plus, c'est utile. Mais c'est aussi agréable. En effet le réalisateur, comme de coutume, ne manque pas de style et ce, sans avoir recours à une batterie de filtres ou autres accessoires visuels qui cachent parfois la misère créative.
La musique adoucit les mœurs ?
En tous cas la musique donne ici le ton et toute la réalisation technique y est intégrée. D'ailleurs cette dernière utilise les transitions entre les séquences pour à la fois faire avancer l'action, créant des ellipses, et pour se permettre de se passer d'explications dans la bouche des personnages et d'évoquer des rapports entre les lieux, les personnages et d'inclure des flash-backs sans forcer. Au fond le propos est simple : recycler un air de polar connu et y changer quelques notes, le jouer avec d'autres instruments et surtout proposer ses propres arrangement. Mais attention, la partition n'est pas jouée que d’une seule manière. Rarement au cinéma ces arrangements (les plans et le montage) ont été portés à ce degré de précision, et ce, sans rajouts techniques contemporains à outrance.
Une réussite formelle totale et simple. Si Wright rajoute plus de fond la prochaine fois, en gardant le même technique, il frôlera le chef d'œuvre et grillera la politesse à Guy Ritchie (qui lui reste dans l'artifice). Ou pas. L'espoir fait vivre.