Près de quatre ans après avoir conclu la trilogie Cornetto (Shaun of the Dead, Hot Fuzz, Le Dernier Pub avant la fin du monde), Edgar Wright revient sur un thriller, policier extrêmement bien rythmé ! Il connaît le secret et promet un renouveau dans sa filmographie. Il prend soin et plaisir de calibrer toutes les actions de l’intrigue à une bande sonore prédéfinie. On passe notamment par Jon Spencer, T-Rex, Simon & Garfunkel ou encore Queen, pour ne citer qu’eux. On y raconte une histoire, une situation. On pose un contexte, on induit une émotion. Voilà comment raisonne le metteur en scène, pour qui la musique possède un sens profond que beaucoup de boîtes de productions négligent à tort. Il suffit de se pencher sur la playlist savoureuse des « Gardiens de la Galaxie Vol. 2 », on y trouve un savoureux mix mais son utilisation en tant que telle survole les sensations et l’adrénaline associées.


On se laisse ainsi transporter par Baby (Ansel Elgort) qui en a dans le volant, tout comme dans le cœur. Mais le véritable moteur qui dicte sa conduite, reste humblement la musique. Il s’agit d’un personnage à part entière dans une œuvre aussi calibrée. La communication est un art qui est apporté par diverses manières à l’écran et on opte subtilement pour le « son ». Par ailleurs, le silence, absence de son dans sa simple description, représente un style de communication important. La gestuelle est mise en avant, laissant en retrait les expressions faciales, trop portées sur l’esthétique de forme, alors que le fond mérite un développement de premier ordre.


Entre l’inspiration nostalgique et fougueuse, il ne lève jamais le pied et suggère de nous le faire comprendre d’emblée. Baby est donc introduit par un plan séquence d’une précision bouffante. Et plus tard, il sera question du sens que prendra sa vie, car baigner dans le milieu du crime n’est pas cautionné dans son caractère, un peu fétiche mais indépendant à bien des égards. On aurait tendance à comparer ce mystérieux et réservé personnage aux anti-héros du pilotage dans « The Driver » de Walter Hill ou encore dans « Drive » de Nicolas Winding Refn, ce qui est justifié. Cependant on se démarque un peu dans le sens où Baby, talentueux au début, commence à exposer ses faiblesses et perd le contrôle de la situation. L’arrive tout de même à lui donner un ton bien adolescent, voire enfantin, d’où le rapprochement à son nom. Il efface ainsi les teen-movies que sont « Nos Étoiles Contraires » et « Divergente » qui lui ont attirer les foudres de fans engagés ou éperdument invétérés, alors que des producteurs ont su tirer profit de son potentiel. C’est donnant donnant et la surprise est à son comble.


Ce qui est également à souligner, ce sont ces rôles secondaires de grande qualité. Doc (Kevin Spacey) est lié à son fidèle Baby pour des opérations de braquage revisité au tempo de Wright. Bien qu’il reste souvent en retrait et monotone dans son discours, il hérite d’une mise en abîme trop superficielle et mal négocier pour qu’on lui accorde toute notre confiance. Il fallait donc cette gente féminine répondant au nom de Debora (Lily James) afin de déverrouiller le cœur passionné de Baby. Qui se ressemble s'assemble, comme on dit et ce couple illustre assez bien le concept. Ils sont tous deux portés par une cadence nostalgique liée à la musique qu’ils écoutent, mais surtout qui les définit. Chaque titre possède son histoire et ses personnages. On les identifie dans leur peine ou leur joie. Cette profondeur est alors bien exploitée laissant un semblant de réflexion dans un style d’écriture efficace, bien que limité. Mais il faudrait noter que la plupart de ces figures présentent un intérêt avant tout gimmick et scénaristique. Tout comme Buddy (Jon Hamm) et Bats (Jamie Foxx) le suggèrent, ils offrent un tremplin scénaristique valorisant l’action et son contenu, qui se veut réaliste et sérieux.


« Baby Driver » assume son côté retro, mais surtout son montage rythmé qui en fait son point fort. L’approche est différente et propose une comédie musicale postmoderne. Loin d’être la pépite scénaristique dont les thèmes s’accumulaient joyeusement, les enjeux restent simples ici. Et bien qu’il se limite à un effet de style qui divertit juste assez le spectateur, Wright reste fidèle à lui-même, en proposant encore de l’originalité dans un scénario qui a tellement éprouvé sur les écrans. Un défi réussi laisse le prodigieux réalisateur en sursis !

Cinememories
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le 30 juil. 2017

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