Attention, cette critique contient une alerte spoiler de niveau 1. Si vous voulez ne rien connaître du film, ne lisez surtout pas ce qui va suivre.
Allons-y d'entrée de jeu, Baby Driver n'est sûrement pas le meilleur film d'Edgar Wright. Est-ce qu'on peut également valider la phrase écrite par Première, qui le décrit comme "probablement le film le plus cool jamais tourné" ? Je ne pense pas que ce soit le cas, d'ailleurs le journaliste à l'origine de l'article non plus. Mais on va pas se mentir, Baby Driver est la définition de ce qu'est un film cool. C'est le film pop par excellence. On prend son pied, que ce soit par le fait que visuellement le film est complètement dingue ou par la bande son qui va vous faire battre la mesure pendant toute la durée du film.
La véritable surprise (si on n'a pas regardé 36 bandes annonces avant d'aller voir le film) est qu'il s'agit, plus que d'un film de braquage, d'un pur film concept. Le film entier n'est en fait qu'un exercice de style de presque deux heures. Tout repose sur le fait que le personnage principal, qui suite à un accident de voiture quand il était petit, est victime d'acouphènes. Pour les novices, un acouphène se traduit par le fait d'entendre des bruits parasites qui n'existent pas de type sifflements, bourdonnements, etc... On va pas se le cacher, ressentir ça en permanence, ça doit être assez chiant et ça doit rendre dingue assez rapidement. C'est pour ça que Baby (le personnage principal...oui c'est son nom...bon en fait pas vraiment...) noie ses acouphènes dans la musique. Un ipod (et mêmes plusieurs puisque le bougre en a un pour chaque situation de sa vie quotidienne), des écouteurs et c'est parti. Le film et particulièrement les scènes d'actions sont entièrement chorégraphiées sur la bande son qu'écoute son personnage principal. La musique ne s'arrête que très rarement, c'est elle qui dicte le rythme du film du début à la fin. L'exercice réussit avec brio par Edgar Wright a été de faire un film au service de la bande son. Ce n'est pas la musique qui se calque sur les scènes du film mais les scènes du film qui se calquent sur la musique. Alors par contre les allergiques aux films compil, il va peut-être falloir s'abstenir, parce qu'il s'agit ici du cœur du long-métrage d'Edgar Wright.
Une autre chose que j'ai trouvé assez amusante et qui contraste avec le côté ultra fun du film, c'est que Baby est en réalité un personnage totalement névrosé ce qui lui donne un côté tragi-comique qui à y repenser en est même profondément triste. Il se sent obligé d'enregistrer sur cassette toutes les conversations dont il est témoin pour en faire des sample, et cela même lorsqu'il est en pleine réunion de crime organisé pour discuter de leur prochain casse. Il collectionne des dizaines d'ipods, il traîne toujours depuis plusieurs années dans le café où travaillait sa mère chanteuse décédée et tombe amoureux d'une serveuse qui lui ressemble étrangement, il risque sa vie au volant après avoir été victime d'un accident de voiture qui a causé la mort de ses parents... Bref notre Baby (très bon Ansel Elgort et très bon cast qui cabotine délicieusement) ferait bien de consulter un psy. Et c'est là aussi que même si le film existe principalement pour faire prendre son pied au spectateur, il n'en est pas complètement débile non plus. Le film est très simple dans son scénario et ses personnages caricaturaux mais n'est pas simpliste pour autant. Beaucoup de gens semblent souvent confondre les deux.
Sur ce moi je vais écouter du Queen en roulant à 130 dans mon bled de campagne.