D'emblée, Babylon plonge dans les tréfonds de l'industrie du cinéma. Le film expose d'abord une société qui se donne en spectacle. Un spectacle affligeant de bassesse. Ca dégueule sans cesse de vulgarité. De cette ambiance dépravée résonne la superficialité vertigineuse qui au fond règne dans tout ce microcosme. Babylon peut d'abord être amusant de par son cynisme poussé à l'extrême ou bien complètement ahurissant.
A mesure que cette fresque grandiloquente avance, on sent que ce qui se joue est bien plus terrible. Ce film choral expose ses protagonistes aux conséquences les plus terribles. Une énième vision cauchemardesque du rêve américain. On contemple les ruines d'un empire en train de s'effondrer et qui emporte tout sur son passage. Une machine à broyer les hommes et les femmes. Dans un rythme infernal on est captivé par ce délitement étrangement fascinant. Le film déploie les paradoxes immenses d'un monde déphasé. La musique accentue tout cela par une frénésie absolue, entrecoupée de quelques notes sirupeuses et ennivrantes.
On pourrait déployer une infinité de parallèle entre cette vision acerbe des années folles et notre monde, notre propre époque. Damien Chazelle tombe peut-être dans ce piège avec ces multiples micro-scènes en guise de conclusion du film. Une démonstration assez mal placée qui pèche un peu en arrogance.