Malgré un budget pharaonique qui donne lieu à une débauche de plans-séquences, de décors et d'effets, "Babylon" a un sérieux problème : il s'épuise à ne rien dire de neuf sur le cinéma. En outre, il manque sa cible ambitieuse : à défaut d'une réflexion sur la survivance du septième art, il colle bout à bout d'innombrables références et idées cinématographiques préexistantes, dans un style survolté et vaguement baroque.
La grossièreté, elle, est bien présente : tout au long du film, Damien Chazelle a une fâcheuse tendance à dégouter le spectateur en montrant des séquences écœurantes (à défaut d'être véritablement immorales). Cette confusion entre l'immoralité et la grossièreté dessert considérablement le propos du film dont on peine à cerner les intentions. C'est pour cette raison que "Babylon" n'atteint pas sa cible : la question de l'exhibitionnisme (spectaculaire et à tout bout de champ) est bien maladroitement traitée alors que c'est elle qui, aujourd'hui, questionne l'existence même du cinéma à travers la toute puissance des réseaux sociaux.
Ainsi, "Babylon" présente le destin d'une poignée de personnages, déjà vus par ailleurs, qui évoluent dans un cadre narratif aux ressorts très consensuels (la starlette, l'acteur sur le retour, le mafieux, le "nègre"). Ce parti-pris, ou plutôt cette paresse des intentions, créé un contraste désarmant avec l'ambition formelle et boursoufflée du film.
Au-delà de l'aspect purement technique et de rares moments de grâce, un seul élément porte, à mon sens, "Babylon" : il s'agit de l'interprétation magistrale de Margot Robbie et Diego Calva (qui n'est pas sans rappeler Al Pacino).
Sincèrement, j'aurais adoré aimer ce film qui questionne le rôle du cinéma au XXIème siècle. Et Dieu que la machinerie hollywoodienne déborde d'énergie pour tenter d'emmener le spectateur vers des jours meilleurs ! Mais vraiment, je suis resté sur le trottoir, figé en attendant que la pluie tombe et en espérant que toute cette "merde" ne m'éclabousse pas trop.