L'éléphant au centre de la pièce, ca commence fort. Oui parce que ce film parle du cinéma, un entre soi d'il y a 100 ans dont Chazelle avait besoin d'étaler sa culture (que je n'ai pas entièrement) dessus. Le résultat est plutôt réussi. Comme tous les grands réalisateurs ca donne toujours un minimum vital réussi tout en faisant un véritable numéro d'équilibriste pour ne pas tomber d'un coté de l'autre quand fait une œuvre par frénésie instantanée et non par réflexion longtermiste consciencieuse.
Disons le, vous avez apprécié ce film surtout par son humour, ses acteurs ou ses moments de dévergondassions. Mais qu'en avez vous compris ? Pas grand chose, je ne vous en tiendrez pas rigueur, car, justement, il n'y avait pas grand chose.
Les acteurs (au sens large) de cet industrie, ses archétypes et leur évolution foudroyante dans cette entre-deux-guerre orageux. Robbie qui joue très bien le rôle de la petite péquenaude perdue partout, dans sa tête, les hommes, la drogue, les lieux de tournage ou encore le toujours bon Pitt dans son personnage dépassé par Hollywood.
Ce que je lui reproche c'est que on ne s'attache pas aux personnes, car il n'y en a pas au final, ce ne sont que des idées floues mal inscrites sur le scénario. Vides, servant juste à transmettre un propos qui atteindra seulement la jouissance intellectuelle par son apothéose à la toute fin. Le message c'était que le cinéma les traverse tous, leur vie, la vie, car il doit passer par les autres pour qu'ils existent : les existences s'entremêlent depuis Méliès, le mur devient flou entre la fiction, le spectacle et le commun.
En tout cas c'est un bon prétexte pour arrêter là la mienne de frénésie. Des centaines de films d'affilée pour au final avoir vu plus de 100 films par an par rapport à mon âge. Ce Damien, le dit lui-même, regarder un film c'est vivre une seconde fois, ou plutôt ajouter une créature plus ou moins grande ou lumineuse à notre univers mental, donc pourquoi se surpeupler ? Pourquoi ne pas travailler mieux chaque petite créature en nous pour lui permettre de s'épanouir en nous.
J'ai laissé des milliers de graines parsemées mes parterres sans jamais regardé à comment elles avaient poussées, je vais rester dans mon jardin maintenant au lieu de chercher de nouvelles espèces qui ressemblent peut-être déjà à celles que j'aies depuis longtemps sans m'en rendre compte.
Le temps que ca pousse, je vais abattre l'arbre de la connaissance et bucher pas mal, en d'autres mots : je vais reprendre la littérature et oublier le cinéma inconnu, arroser de temps les films que j'ai déjà en ma possession.