Babylon, c'est un film à double tranchant qui n'épargne personne. Damien Chazelle, (toujours) au sommet de son art, encense autant le cinéma des premières décennies qu'il ne le déconstruit (avec la délicatesse d'un éléphant...). Le Hollywood des années 1920 et 1930, c'est une industrie qui prend la forme d'un rouleau compresseur. Elle avance à un rythme effréné, d'innovation en innovation, sans regarder derrière elle les laissés-pour-compte écrasés au bord de la route.
Babylon, c'est plus de trois heures de carnaval orgiaque où tous les coups sont permis et le chaos est de circonstance. Les rois et reines d'un soir se retrouvent à mordre la poussière le jour suivant, et ainsi de suite. Le casting est à la hauteur du propos, avec Margot Robbie fabuleuse dans son exubérance, Brad Pitt incarnant la star déchue sans fausse note, Diego Calva qui révèle tout son talent, ou encore Tobey Maguire qui semble revenir des Enfers. La bande sonore est quant à elle absolument jouissive, avec ses rythmes endiablés aux sonorités jazz, qui mêlent subtilement le classique et la modernité. Comme dans les précédentes réalisations de Damien Chazelle, elle joue un rôle prépondérant dans l'histoire.
Babylon, c'est le long-métrage de tous les superlatifs, où le grotesque et le croquignolesque côtoient constamment le grandiose et le sublime, dans un tourbillon d'émotions et d'événements très prévisibles pour certains, totalement imprévus pour d'autres.
La frénésie de ce grand moment cinématographique nous rappelle que le Septième Art est un art total qui n'a de sens que s'il touche les spectateurs qui le voient, le ressentent et lui donnent sa raison d'être.