Babylon est du même acabit que la Palme d'or de 2022, Triangle of Sadness : une belle coquille vide (belle surtout parce qu'elle en a les moyens), fascinée par ce qu'elle prétend dénoncer (la décadence du petit milieu hollywoodien), qui se pense subversive en multipliant les effets destinés à choquer le spectateur (de la merde, du vomi, de la pisse, un homme qui croque un rat vivant, des gens qui b**sent dans tous les coins lors des scènes de fêtes, des blagues racistes dignes du pire film français). Ce qui se révèle en creux, c'est surtout la mégalomanie de Damien Chazelle, qui semble revendiquer le chef-d'oeuvre (3h10) tout en prenant un malin plaisir à humilier ses acteurs - ses marionnettes plutôt. Brad Pitt joue la caricature de lui-même en acteur du cinéma muet, vieillissant et dont le temps est passé (il aurair pu s'en tirer dignement à la fin, en acceptant sa chute, mais le réalisateur ne lui laisse pas cette possibilité), Margot Robbie hurle en permanence, s'agite dans tous les sens et redouble de vulgarité, Diego Calva se corrompt par arrivisme, devient directeur de tournage et prend Margot Robbie sous son aile (prétendument par amour, mais le propos est si grossier qu'on a du mal à y croire), pour finir poursuivi par des malfrats qui lui réclament 85 000 dollars - accroupi dans un taudis dans lequel il s'est caché, il supplie pour ne pas être tué, et la caméra fait un gros plan sur la flaque d'urine qui grossit à ses pieds. Au début on peut rire du pathétique des personnages, mais l'acharnement de Chazelle est tel qu'on finit par être carrément angoissé (et c'est d'autant plus cruel que ce sont d'excellents acteurs).
Le seul point positif, c'est le propos sur le cinéma lui-même, et cette volonté de nous montrer la transition difficile d'une industrie du muet vers le parlant, et ce que cela signifie concrètement sur les tournages. La scène de prise de son est bien vue, avec des détails historiques sans doute vrais, mais là encore ça manque pas mal de subtilité et tout finit en hurlements. Globalement, tout le propos du film est noyé dans une esbrouffe permanente, épuisante (même le son était trop fort dans la salle de cinéma, c'est dire).