Oui, le cinéma est un art majeur ! Et comment ! En tant que fan inconditionnel de la patte Chazelle, de son univers et de sa vision, j’espérais réellement que ce film m’embarque autant que « Whiplash » ou « La La Land ». Verdict ?
« Babylon » apparait comme une synthèse de la filmographie de Damien Chazelle jusqu’à présent. On en viendrait presque à se demander si ce n’est pas son ultime copie ! Le choix du thème de la disparition du cinéma muet en pleine prohibition lui permet de s’exprimer pleinement tout en laissant une part d’interprétation libre au spectateur. Le travail d’ambiance, les décors, les costumes et la musique forment un tout cohérent mais surtout splendide. Je n’ai honnêtement pas vu passer les trois heures de film.
Concernant le sujet abordé, je regrette probablement un léger manque d’ampleur dramatique. Le film prend pourtant un tournant intéressant au bout d’une heure et demie : l’humour devient moins présent et on se rend véritablement compte que l’arrivée du cinéma parlant bouscule tout le monde derrière la caméra et devant l’écran. C’est pourquoi j’attendais peut-être un peu plus de scènes à l’atmosphère pesante où des tensions surgissent entre les personnages. Il y en a bien quelques-unes comme celle entre Conrad et sa femme, celle avec la critique Elinor ou bien même celle où Nellie perd tous ses moyens lors d’un cocktail de la haute société hollywoodienne. Il y en a oui, mais je regrette qu’elles ne donnent pas au film la portée qu’il mérite. Notre attachement pour les personnages décroit au fur et à mesure qu'ils deviennent décadents à Hollywood ; c'est assez bien pensé mais la conséquence est que nous ne savons plus faire preuve d'empathie pour eux à la fin du film. En revanche, nous avons du dégoût pour le côté créateur/destructeur d'Hollywood, un milieu qui sonne faux depuis plus longtemps qu'on ne le croit.
Ce que l’on retient en tout cas de « Babylon », c’est un véritable hommage au cinéma, une lettre d’amour qui tente de réconcilier tout le monde avec un final certes un peu poussif et presque métaphysique où tout est balancé d’un coup, mais qui confirme l’intention de Damien Chazelle.
Le flop au box-office ne me fait pas peur car je sais que ce film deviendra culte quoiqu’il arrive. Je pars même du principe que plus on le digère, plus on se rend compte à quel point il est porteur dans l’industrie du cinéma actuelle qui est un peu bousculée par les crises, les plateformes de streaming ou le téléchargement illégal. Contrairement à un Avatar 2 ou un Top Gun sortis peu de temps avant, il sera intemporel et surtout lourd de sens pour que le cinéma ne meurt pas et évolue à sa façon.