Rendons au film ses mérites : Babylon est un succès visuel, une virée exaltante dans les coulisses des tournages et une ode à la fièvre de la fête.
Au fil du film Chazelle et ses collaborateurs retranscrivent ces trois points avec immense brio. Délivrant un film au spectacle immersif, élégant et honnêtement immanquable.
Néanmoins, malgré une première partie relativement parfaite, l’intrigue du film finit par s’essouffler dans sa seconde moitié. Lorsque les enjeux établis avec véhémences dans le prologue, perdent éventuellement en puissance au fur et à mesure de l’intrigue.
En effet, la première heure et demie est une croisière au coeur du brouillard : on ne sait pas où on va, mais l’équipage sympathique rend le mystère excitant. Éventuellement, le film semble s’amarrer autours de la thématique du « le cinéma est une machine qui peut broyer », et les problèmes débutent :
Ce thème - pourtant si pertinent au vu des périodes dépeintes - n’ose jamais décrire avec honnêteté la violence de l’industrie de l’époque. Mis à part quelques drames utilisés comme gags sur des figurants, les personnages principaux ressortent sains & saufs de leurs expériences avec ces studios : du début à la fin, ils demeurent inchangés par leur ascension.
Leur chute n’est pas due à l’industrie, mais à des failles personnelles qu’ils portaient de base.
Par conséquent, le film finit par chercher désespérément un autre antagoniste pour conclure le récit. Au lieu de le trouver dans ses héros et illustrer à quel point un système peut corrompre, Chazelle introduit de manière assez artificielle un nouveau personnage. Un choix - selon moi - assez regrettable, voire malhonnête.
Malgré ces critiques, le film vole relativement très haut jusqu’à sa dernière scène. Néanmoins Chazelle parvient à crasher son film à quelques secondes de la fin, et livre (sans exagération) l’une des pires conclusions du cinéma :
Alors que tout semblait mener vers une délicieuse mise en garde sur médium et le cercle vicieux qui l’entoure, le film dérape et propose à la place une intense lettre d’amour à ce dernier. Immonde dans sa forme et audacieuse dans son hypocrisie.
Ce virage révèle finalement les réelles intentions du film, celui de peindre un portrait édulcorée d’une époque. Et c’est particulièrement dommage de voir un film aussi outranciers dans des moments gratuits, devenir timide et prude dans les moments qui comptent.
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(c'est un 6,5/10)