Babylon de Damien Chazelle est, selon moi, l’un des films les plus marquants de ces dernières années, surpassé peut-être uniquement par un film comme L'Amour ouf. En tant que spectateur passionné, projectionniste et réalisateur indépendant, j’ai été profondément touché par cette œuvre, qui s’adresse avant tout à ceux qui vivent et respirent le cinéma : des débuts d’Hollywood à aujourd’hui. Il ne s’agit pas seulement d’une exploration des folies et des vices de cette industrie, mais aussi d’une réflexion sur son évolution artistique, culturelle et politique.
Une expérience totale
Ce film n’est pas pour tout le monde. Il nécessite une ouverture d’esprit et une sensibilité à l’histoire du cinéma. Chazelle nous offre une vision alternative d’Hollywood, entre ses excès extravagants et ses conflits culturels. Mais ce qui m’a le plus impressionné, c’est la maîtrise avec laquelle il mêle direction artistique, interprétation, montage et images. Pour un film de trois heures, Babylon reste incroyablement bien rythmé, surtout comparé à certains films d’auteurs français contemporains qui, malgré des thématiques en vogue, peinent à captiver et finissent par lasser.
Une déclaration d’amour au cinéma
Babylon est à la fois un ovni cinématographique et une déclaration d’amour au 7e art. En tant que réalisateur indépendant, je peux apprécier l’énorme travail derrière chaque scène : l’attention portée à la mise en scène, le montage audacieux, et la manière dont Chazelle équilibre extravagance et intimité. Il ne s’est pas amusé à raconter cette histoire sans s’être documenté sérieusement sur l’époque, même s’il a pris des libertés narratives. Ce n’est pas un documentaire rigide, mais une œuvre qui mêle vérité historique et interprétation créative.
Les scènes marquantes, qu’il s’agisse de l’ouverture frénétique ou des moments plus sombres comme celui avec Tommy, ne sont pas de simples provocations : ce sont des métaphores des pratiques réelles, parfois choquantes, de l’industrie du cinéma. Malheureusement, ces extrêmes, qu’ils soient pervers ou abusifs, ne sont pas uniquement des reliques du passé.
Une œuvre qui suscite le débat
Le fait qu’un film divise autant, qu’il suscite des critiques passionnées, positives ou négatives, prouve qu’il touche des sujets sensibles et remet en question des idées reçues. Margot Robbie a eu raison de s’interroger sur l’accueil mitigé du film aux États-Unis. Peut-être que ce rejet reflète une difficulté à accepter une vision non idéalisée d’Hollywood. Ce film, avec ses scènes chocs, nous pousse à réfléchir, à nous confronter aux parts d’ombre du showbiz, aussi bien américain que mondial.
La beauté d’un art intemporel
La scène finale est, selon moi, le cœur battant du film. Chazelle nous rappelle que le cinéma dépasse le simple récit d’histoires : c’est une machine à émotions, à souvenirs, à immortalisation de vies humaines. Ces projets, comme le souligne Brad Pitt dans une réplique clé, permettent aux artistes de devenir des fantômes immortels gravés dans l’imaginaire collectif, prêts à inspirer les générations futures. En tant que réalisateur indépendant, cette idée m’a profondément ému. Elle renforce ma conviction que le cinéma est bien plus qu’un simple divertissement.
Une réflexion sur notre passion pour le cinéma
Cela dit, je reconnais que chacun a un parcours unique, influencé par son cadre familial, social, ses métiers ou encore ses hobbies. Ces éléments façonnent nos goûts et nos aspirations, et expliquent pourquoi certains films parlent plus à certains qu’à d’autres. Je comprends donc que Babylon ne soit pas destiné à plaire à tout le monde. Mais je pense qu’il reste une œuvre essentielle pour celles et ceux qui souhaitent ouvrir leur esprit et découvrir une vision différente de l’évolution du cinéma, bien éloignée de celle, plus consensuelle, proposée par The Artist.
Finalement, c’est à vous de décider si vous êtes prêts à vous laisser emporter par cette fresque monumentale ou non. Pour ma part, je suis convaincu qu’il s’agit d’une déclaration d’amour vibrante au 7e art, qui mérite toute notre attention.