J'avais laissé Chazelle avec le final magnifique de Lalaland, et avec toujours en tête le très bon Whiplash.
C'était donc avec envie que je voyais arriver ce film, présenté comme une fresque baroque des débuts d'Hollywood, présentant les impacts sociaux et économiques que les révolutions techniques ont eu sur un art alors en pleine adolescence.
Baroque, c'est bien le mot qui définit ce film, très long ( près de 3h), narrant les trajectoires de plusieurs personnages principaux et d'autres secondaires, passant par tous les tons possibles, et multipliant les clins d'œil et les références. Cependant, je trouve qu'on se perd dans ces virevoltes, le rythme du film est assez mal géré et si certaines scènes sont éclatantes et fonctionnent très bien ( la scène de tournage des films muets puis à celle des films avec son notamment), d'autres brillent par leurs vacuité ( scène du serpent par exemple) et aussi par leur volonté de choquer. Le Loup de Wall Street jouaitpzr exemple avec l'aspect ambivalent des fêtes complètement dégénérées et des excès tout en réussissant à les rendre fun et cathartiques. Ici, je trouve que c'est un échec, le film s'en retrouve inutilement vulgaire et multiplie les scènes de fêtes qui se répètent plus qu'autre chose.
Techniquement, on est face à un film de Chazelle, les couleurs dorées sont là à nous écoeurer, les zooms sur les trompettes, aussi. L'emphase sur la musique dans le rythme avec le montage est toujours là aussi. Si certaines idées de mise-en-scène paraissent être une parodie de son Cinéma, d'autres sont réellement bien menées et permettent de marquer des moments mémorables du film. Les acteurs livrent, il faut le noter, de super performances et semblent avoir aimé faire ce film, Margot Robbie livre une de ses meilleures performances à mes yeux, Diego Calva troue l'écran et Brad Pitt fait un bon boulot également.
De manière générale, le film se perd dans ses ambitions, ses références, son discours. Commencer par une scène évoquant Gatsby durant quasiment trente minutes, réussir à montrer les méthodes de tournage, arriver à construire une romance ( qui ne marche pas), parler du cinéma en tant que média en plein changement, évoquer les tensions sociales autour du cinéma, le racisme avec le personnage de Sydney, les scènes burlesques et dégueues mi-complice, mi-juge...
Ce film se perd dans ses ambitions, Chazelle qui avait l'habitude de nous proposer des œuvres maîtrisées du début à la fin, nous rend une copie intéressante mais brouillonne, et qui manque d'une maturité et d'une rigueur certaine.
D'un côté, le film m'a rappelé les Affranchis, dans son aspect baroque, parfois punk et dans sa volonté de dresser une fresque d'un monde clos. Cependant l'un est une des plus grandes réalisations du cinéma américain, l'autre restera une oeuvre sympathique, mais incomplète, et surtout, qui a pas mal tendance à se la raconter.