Ah Marseille, son soleil, ses plages, ses ports, ses zones de non-droit... Oui, Cédric Jimenez propose une plongée dans le quotidien de trois flics où ils sont sans cesse confrontés à la violence de ceux qu'ils affrontent et à l'impuissance humiliante qu'ils ressentent lors de leur mission.
La première partie du film qui parle de ce sujet est nerveuse, intense. L'action est admirablement filmée, aussi bien à travers la notion d'espace qu'à travers celle de temps. L'acmé de ces situations ultra-tendues et réalistes, constituant dans le même temps un morceau de bravoure, est sans conteste la longue descente avant l'ellipse (de deux mois, si je me souviens bien !)..
Je précise en outre que le trio d'acteurs principaux est formidable. Donc c'est une réussite, non ?
Ben non, car après l'ellipse de deux mois, ça vire dans le n'importe quoi. Oui, je sais que c'est librement inspiré d'une histoire vraie, mais justement "LIBREMENT INSPIRÉ" (d'ailleurs, le panneau d'introduction signalant cela au tout début disparaît très vite, laissant peu de temps pour le lire, comme si l'ensemble ne voulait pas assumer !). Le scénario profite du bond dans le temps, donc en ne montrant rien de ce qui se passe pendant ce dernier, pour ne donner aucune explication crédible quant au fait que les trois protagonistes vont en arriver là.
En conséquence, ce n'est pas pour répondre à une logique implacable, à base d'aberration sociétale, que le scénario prend ce tournant complet. Non, c'est pour de mauvaises raisons.
La première, c'est que cette partie n'est là que pour bien stabiloter et resurligner encore par-dessus combien les autorités policières, juridiques et politiques sont lâches, irresponsables, corrompues, hors de la réalité ; enfin ce que vous voulez... Euh, sérieux, pour que ce pays finisse par avoir des zones de non-droit, on se doute bien par soi-même que les pouvoirs publics ont très sérieusement déconné. Ce n'était pas la peine de mettre un néon géant pour le signaler. La partie des flics sur le terrain suffisait très largement à le faire comprendre.
La seconde, c'est qu'au lieu de vouloir présenter les personnages principaux comme des hommes qui font ce qu'ils peuvent face des situations impossibles et essayer de donner le meilleur d'eux-mêmes dans l'exercice de leur métier, même si pour cela ils sont obligés d'avoir souvent recours à des méthodes peu en phase avec la légalité, Jimenez veut en faire des figures quasi christiques, insistant bien sur combien ils sont des quasi-purs juste entourés de pourriture.
C'est d'une lourdeur incroyable, étouffant par la même occasion toute notion de complexité et d'ambiguïté. BAC Nord ou comment se saborder complètement à mi-parcours...