Avant de se faire un nom avec certains films (ici, Apollo 13, La Rançon, Un homme d’exception…), il faut bien passer par la case du divertissement sans prise de tête. C’est donc ici le cas de l’ex-acteur de la célèbre série Happy Days Ron Howard, qui possède tout de même à son actif Cocoon et Willow. Est-ce que le futur réalisateur du mal aimé Da Vinci Code et de l’ignoré mais pourtant aimé des critiques Frost/Nixon savait déjà s’imposer dans ce milieu hollywoodien ?

Le film suit le parcours de Brian McCaffey qui, après avoir quitté les traces de son père (officier des sapeurs-pompiers mort en héros) décide de revenir dans le milieu, aux côtés de son frère Steven. Des retrouvailles qui vont être mises à rude épreuve par les incendies et les doutes de Steven sur les motivations de son frère. En parallèle, le lieutenant Donald Rimgale enquête sur des incendies criminels assez inhabituels.
Sur le papier, Ron Howard ne propose pas qu’un simple divertissement ! En effet, en plus de s’intéresser à une sorte d’enquête policière (bien qu’elle soit menée par des pompiers spécialisés), il préfère centrer son histoire sur la relation des deux frères McCaffey. Seulement voilà, le gros problème du film provient justement de cela : à trop vouloir flirter avec le côté dramatique, le film en oublie le divertissement, ce pour quoi il a été fait. En clair, on passe 80% du film à regarder ces frangins se disputer, se haïr, se réconcilier un temps, s’enfouir dans leur passé… Et les cadavres sur lesquels De Niro, ils deviennent quoi ? Le côté thriller de l’ensemble passe aussitôt au second plan, jusqu’à nous obliger à se demander pourquoi il y a cette histoire d’incendies criminelles (en plus gâchée par une résolution incroyablement tirée par les cheveux !), à quoi peut-elle bien servir dans la trame ! En clair, ce qui pouvait être intéressant à suivre se retrouve effacé à cause d’un scénario inintéressant au possible. Ce qui peut encore rester du divertissement qui nous était annoncé se présente sous la forme de séquences d’incendies plutôt emballantes, grâce à la seule idée scénaristique plausible de ce film : voir le feu comme une créature sournoise, qui se faufile derrière les pompiers pour leur sauter dessus.

Du côté du casting, se n’est pas trop flamboyant également… On pourrait s’attarder sur la prestation de Robert De Niro et de Donald Sutherland, les deux seuls qui semblent réellement s’amuser dans ce film. Mais leurs personnages étant liés aux incendies criminels, leur présence et leur importance dans Backdraft reste un grand mystère (pourquoi avoir pris d’immenses acteurs pour au final se demander ce qu’ils font là ?). Et le pire, c’est que même leur petite participation n’arrive pas à faire oublier le jeu d’acteur des deux têtes d’affiche qui sont ici Kurt Russell et William Baldwin. Bon, Russell n’est ni bon, ni mauvais : il fait son bonhomme de chemin pour récolter son cachet sans sombrer dans le ridicule, c’est déjà ! Par contre, le frangin d’Alec Baldwin (lui, grand acteur) est d’une platitude, d’une niaiserie et d’une connerie exaspérantes ! Des yeux clairs vides de tout sentiment, un sourire au coin des lèvres qui ne veut rien dire, des expressions repoussantes… Mais pourquoi s’intéresser à lui alors que le film pouvait nous offrir du bon divertissement du côté de De Niro ?

Il ne reste qu’à Backdraft son côté technique, plutôt réussi pour l’époque (1991), nous proposant des séquences d’incendies qui semblent réalistes (les « mouvements » des flammes, la sensation de chaleur étouffante, le final…), le tout sous les partitions du aujourd’hui incontournable Hans Zimmer (qui, on peut le dire, faisait ses débuts), pas mémorables et un peu trop hollywoodiennes mais qui offrent au film un certain charme musical. Malheureusement, cela n’arrive pas à Backdraft de remonter la pente…

Pour ma part, Backdraft restera l’un des films ratés de Ron Howard, car ne respectant aucunement son cahier des charges. À savoir une relation tendue entre deux frères qui suppriment le divertissement annoncé et rend donc le film inutile et inintéressant au possible, et ce malgré quelques petites réussites au niveau technique et des scènes d’incendies qui parviennent à nous amuser pendant quelques secondes.

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