Un village perdu dans le sertaõ brésilien, pris pour cible par une bande mercenaires sans foi ni loi, armés d'un attirail technologique clinquant. Cela rappelle les plus belles heures de gloire du western américain, ou du cinéma de Kurosawa. Sauf qu'ici, point de Toshiro Mifune pour sauver la mise. Les habitants s'autorganisent pour leur propre salut. Cette communauté est à l'image du Brésil d'aujourd'hui: métissée, mixte, queer, vivant autour de son musée et de son école. Aujourd'hui, le musée de Rio a brûlé, les subventions aux universités ont été coupées. Comme le Brésil, Bacarau doit faire face aux mêmes maux : la corruption des élites, l'ac apparemment des ressources, un pouvoir militaire aux relents dictatoriaux. Par un manichéisme volontairement amplifié jusqu'à la caricature, le film met en scène la confrontation entre le village de Bacarau et une bande d'américains sous stéroïdes. Ces personnages creux au possible poursuivent les mêmes motifs que des méchants d'un western de seconde zone. Mais derrière le rire, perce le doute. Sommes nous si éloignés des discours d'un Trump ou d'un Bush, des exactions commises sur le sol afghan et irakien ? Face à cette mise à distance de l'homme blanc et de ce qu'il symbolise, nous sommes amenés à prendre parti pour les habitants du village. Or la barbarie, la débauche de sang et de violence est des deux côtés. Finalement, le manichéisme est de façade, et cette fable politique, tout en réduisant la temporalité du conflit, offre un panorama plus large des rapports de force.