Bad Company
6.8
Bad Company

Film de Robert Benton (1972)

Un jeune garçon bien élevé - mais d'une lâcheté toute Chrétienne et pourvu d'une certaine tendance au mensonge - part vers l'ouest en compagnie d'un voleur grossier du même âge, qui lui, valorise avant tout l'honnêteté, surtout entre partenaires de crime. Ils apprendront l'un de l'autre, ou ils mourront. Quant à ceux qui avaient seulement l'âme de suivre sans jamais savoir mener, ou à ceux trop jeunes pour savoir quel genre d'hommes ils deviendraient... qu'ils reposent en paix.


"Bad Company" est un chef-d'œuvre, et un de ces rares "Acid Western" exécutés à la perfection.

Le voyage vers l'ouest n'est ni glorieux, ni un gouffre existentiel désertique de désespoir stylistique comme pouvait l'être l'étrange "The Shooting" de Monte Hellman. D'ailleurs, "Bad Company" réussit là où ce dernier a échoué. La direction photo est impeccable, l'humour pourtant très présent n'enlève jamais rien au drame qu'il soutient, et les explosions soudaines de violence sont autant de leçons à part entière que personnages comme spectateurs devront tout deux accepter dans le temps qui leur est imparti. Ce qui doit arriver arrive, et tout, à chaque tournant, sonne juste; dur et vrai.


Au lieu d'un simple voyage vers l'Ouest comme néant et comme mort, point de départ commun au sous-genre auquel il appartient, "Bad Company" est un voyage vers l'incertitude qui accompagne l'adolescence humaine; et vers le compromis nécessaire entre notre propre morale, lorsqu'on atteint l'âge adulte, et un monde sauvage, désespérément gris, fait de nuances, où tout manichéisme s'effondre instantanément tel un château de cartes. Restent donc les choix, terribles et pragmatiques; que l'on sera ou non capable de faire pour assurer notre survie, sans trahir nos valeurs, en jonglant difficilement, sans jamais avoir appris.


Un chef-d'œuvre méconnu, réalisé par un homme talentueux qui, malheureusement, ne retrouvera selon moi jamais la puissance de ses débuts malgré quelques productions sympathiques. Mais qu'importe : dans l'univers désormais déserté de l'Acid Western, son œuvre trône fièrement comme pièce maitresse d'un genre aussi inégal que fascinant.

-Absalon
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le 26 mai 2024

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