Le long chemin de la rédemption
Ce film vaut surtout pour la prestation puissante et étonnante de Harvey Keitel, qui porte solidement le film sur ses deux épaules, bien campé sur ses deux jambes. Il incarne un lieutenant aux antipodes de Columbo, plus un Dirty Harry sur la pente descendante, complètement accro aux drogues dures, esclave de ses vices et des bas fonds, amoureux du pouvoir que lui donne son enseigne. Peut-être à la recherche de la rédemption ou du salut, on ne sait pas. Le rôle risqué a du être refusé par beaucoup, soit par peur du ridicule (ne pas être à la hauteur), soit par calcul, (éviter l’échec artistique toujours possible avec ce genre de film). Ferrara filme le glauque et le « côté obscur » avec une assurance de cardinal, derrière une caméra tamisée par le manque de soleil, soleil remplacé par la réflexion du poste de télé bloqué sur le match de base ball. Il est obsédé par les ruelles sombres, et les caves où on se fait un fix vite fait. Les constantes redondances à dominance christiques me sont passées par-dessus la tête, et le final aussi même s’il est assez surprenant. Ce final qui fera dire par certains que c’est un chef-d’œuvre absolu, et par d’autres que c’est un peu n’importe quoi. Il est clair que cette constante un peu maladive qui va de la foi à la chair, et vice versa, ça fait prosélytisme religieux déguisé. Intéressant, mais pas indispensable, pas culte pour moi. Le style très brut de décoffrage à la Ferrara ne comble pas pleinement mes besoins esthétiques. Pour moi c'est un diamant brut qu'il nous propose, mais avec trop de crapauds; mais je comprend que certains adeptes du genre coup de batte de Baseball, et à l'esthétique "sale", trouvent ça culte.