Remake très libre par Werner Herzog du polar coup de poing d'Abel Ferrara, ce nouveau "Bad lieutenant" offre un vrai bon moment, mais ne constitue clairement pas un grand film.
Une escale à la Nouvelle Orléans qui vaut clairement le coup d'oeil pour ceux qui apprécient cette ville si particulière, les ambiances de polar déglingo (genre "Training day" ou "The Shield"), et surtout pour ceux qui aiment voir Nicolas Cage faire le foufou avec son charisme de malade.
Héritant de l'un des ses tout meilleurs rôles, à un moment de sa carrière où les navets s'accumulaient, le comédien s'en donne à coeur joie dans son style survolté, tout en parvenant à rester crédible dans la peau de ce personnage en roue libre.
Avec la complicité du réalisateur allemand, Cage nous offre plusieurs séquences bien rentre-dedans (le braquage du couple qui sort de boîte, la scène avec les deux vieilles...) ou au potentiel culte instantané (l'âme du cadavre qui danse encore...).
Après c'est un film qui laisse un arrière-goût étrange et inabouti, notamment à l'issue de ce dénouement en total contre-pied par rapport aux "attentes" (même si je saisis bien l'ironie sous-jacente), suivi d'un bref épilogue opaque voire un peu bâclé.
D'ailleurs on sent que certains aspects du scénario sont traités en surface alors qu'ils ne demandaient qu'à être creusés ; l'enquête initiale est vite reléguée au second plan, tout s'enchaîne trop vite et trop facilement - notamment dans le dernier tiers - et certains personnages ne sont pas exploités à leur juste valeur (Val Kilmer, Fairuza Balk, Michael Shannon...).
D'où mon ressenti paradoxal exprimé en introduction.
"Bad lieutenant : Port of Call New Orleans" s'apparente finalement bien plus à un divertissement déjanté qu'à une descente aux enfers traumatisante.