Réalisateur relativement méconnu aujourd'hui, Henri Calef fut pourtant l'auteur d'important succès au sortir de la guerre, dont Jericho et Les chouans. Il a néanmoins de fervents supporters comme Bertrand Tavernier, comme pour Bagarres.
Située dans la Provence, près du mont Ventoux, Bagarres raconte comment une femme de ménage d'une grande beauté va semer le trouble dans un village de l'après-guerre. Vivant d'abord chez un vieil homme riche mais au caractère de cochon, elle va profiter du legs qu'il lui fera à la suite d'une attaque pour vivre de manière plus libre, et notamment convoiter les hommes du village, dont un jeune homme et celui qui fut son meilleur ami.
S'il parait étrange de voir Maria Casarès en tant que femme de ménage, et dont la beauté fatale explose l'écran, on apprécie de voir Jean Brochard dans le rôle du vieil homme râleur, qui n'hésite pas d'ailleurs à tuer un de ses chiens, parce qu'il est trop vieux. On voit bien qu'il est dur, mais qu'il souhaite surtout avoir en Maria Casarès une présence à ses côtés, se sentant malade et la fin venir.
On y trouve également Marcel Mouloudji et Roger Pigaut, qui joue celui avec qui Casarès va vouloir vivre.
Le film est un peu bizarre de par sa composition un peu particulière, mêlant la présence d'acteurs de Marcel Pagnol, dont Oriane Demazis, et de dramaturges de renom, dont la courte présence de Jean Vilar, il évoque bien le bazar que peut être l'arrivée d'une belle jeune femme dans un milieu très machiste.
De plus, Calef a un talent évident pour filmer les paysages de Provence, pour l'essentiel situés en hauteur ; pour le coup, nous sommes assez loin de chez Pagnol !
On peut regretter la fin relativement ouverte, différente du roman éponyme de Jean Proal, mais ça reste un beau film, très significatif de cette tendance d'après-guerre de proposer énormément de films dramatiques.