Après la jeunesse dans Les 400 Coups, la fin de l'adolescence dans Antoine et Colette, le troisième opus des aventures d'Antoine Doinel, Baisers volés, nous narre le début et l'entrée dans l'âge adulte.
Emmenée par la superbe chanson de Charles Trenet Que reste-t-il de nos amours ?, l'oeuvre se révèle tendre, charmante et attachante, principalement grâce à son personnage principal, parfois maladroit et plutôt romantique, ainsi qu'à ses aventures à travers ses petits boulots. On suit avec grand plaisir ses péripéties, que Truffaut sublime par sa mise en scène mélancolique et parfois décalée.
Plusieurs moments sont hors temps et semblent appartenir exclusivement à la bulle d'Antoine Doinel. Il y a ces moments, extraordinnaire, où il est en filature ou lorsqu'il rencontre la femme de Michel Lonsdale. Paris, qu'il sublime, est alors un terrain de jeu pour Truffaut, il ballade son personnage de quartier en quartier et le met face à une passionnante galerie de personnages, qui vont tous faire ressortir un aspect particulier d'Antoine.
Toujours avec un ton à part, Truffaut aborde les thématiques de l'amour, de l'instabilité ou encore du bonheur en arrivant à insuffler de la mélancolie, de l'humour, de la légèreté ainsi qu'un peu de poésie dans son récit. C'est la vie qu'il met en scène tout simplement, il le fait depuis les 400 coups dans cette saga, et on se retrouve face à de nombreux sentiments humains, variés, complexes ou simples, et c'est superbe. Jean-Pierre Léaud incarne avec brio ce personnage, il est à l'image de la mise en scène de Truffaut, décalé et dans sa bulle, et la très charmante Claude Jade rentre tout aussi bien dans cet univers.
Avec Baisers Volés, François Truffaut continue d'explorer la vie dans sa globalité à travers son personnage d'Antoine Doinel, de plus en plus attachant, toujours décalé et passionnant dans les aléas simples et complexes qu'il rencontre, en sublimant un récit pour en faire ressortir en profonde légèreté, mélancolie et poésie.