Tout le sel de Baisers volés ne tiendrait-il pas dans sa première scène ? Un mouvement de caméra sur Antoine Doinel lisant Le lys dans la vallée, puis son attente tandis qu'un instructeur militaire explique à ses fantassins en herbe les similitudes entre une femme et une mine anti-char... Au final, le reste du film n'est qu'un mélange de sketchs suivant la trame narrative de l'ouvrage de Balzac et cette constante improvisation, oscillant entre touchant et agaçant, d'Antoine autour de ces mines anti-char...
Formellement, c'est un Truffaut, ça déborde d'amour pour les femmes, toutes les femmes, ça transpire d'affection et de maladresse pour chaque acteur à l'écran. La caméra se balade sans faire trop attention au cadrage mais qu'importe, on est en pleine nouvelle vague, le cadrage, on s'en fiche un peu. Jean-Pierre Léaud me laisse toujours aussi circonspect vis-à-vis de sa performance. Que certains l'adulent, je comprend tout à fait, mais personnellement, je le trouve toujours curieusement faux et juste à la fois, dans sa diction comme sa gestuelle.
Quelques répliques drôles, d'autres tendres, quelques passages à vide, le tout se regarde sans déplaisir.