Sorte de chaînon manquant entre Mash et Police Academy, cette chronique illustre l'incompétence d'une bande de flics alcooliques, misogynes, homophobes et racistes. Comme toujours , il y a un ou deux personnages un peu plus odieux que les autres, et qui permettent supposément de s'identifier à la majorité à peine moins conne. Et puis, cette dernière n'aime pas l'autorité, donc ce sont de sympathiques révoltés. Un peu comme l'inspecteur Harry, il aime pas l'autorité non plus, tant pis s'il est d'extrème droite.
Le film ne montre pas nos policiers résoudre la moindre affaire, leur incompétence est établie... Pourtant le point de vue semble osciller sans cesse entre la dénonciation et la sympathie. On a droit à une scène pas désagréable où le pire flic arrache la moustache d'un latino qui se battait contre un afro (c'est la seule caractérisation qui nous soit donnée), et les deux adversaires ethniques se réconcilient en se retournant contre l'oppression policière pour lui mettre une bonne raclée sous l'encouragement des deux communautés auparavant opposées. Ca semble être le principe du film: nous réconcilier avec les cons (ici racistes) contre d'autres cons encore pires.
Ce film est vraiment un ovni: on y voit la déchéance ultime d'un flic non sous la forme de l'alcoolisme, ni de la consommation de drogues, mais dans la pratique du sado-masochisme. Bin ouais quoi c'est plus un homme. Et le film se termine par un happy ending, quand l'un des flics, psychotique (mais il faut bien donner du boulot aux vétérans du vietnam, il est donc pardonné), tue un jeune homosexuel, et est couvert par toute la bande de ses potes, qui manquent de subir des mesures disciplinaires pour leur complicité de meurtre, mais ouf non ils s'en sortent in extremis.
Ouais, ce film est assez immonde. Mais sa confusion morale donne l'aperçu de ce qu'une époque pouvait autoriser, avant le politiquement correct, au point d'en faire une production hollywoodienne.
5 ans plus tôt, The New Centurions, sur un sujet semblable, était bien meilleur - mais après tout ses flics humanistes représentaient peut-être un travestissement de la réalité. Il montrait néanmoins le fond nihiliste de leur activité, et ses répercussions sur leur santé morale et physique.