Séance spéciale de Bandits, bandits au Festival de Nîmes 2022, dont la fin du film se bloque dans le serveur du projecteur (ah, qu'elle est loin, l'époque de la bonne pelloche...), impossible à relancer. Mais personne ne râle, et pour cause, un rire strident venant du fond de la salle ne s'arrête pas et est ultra-contagieux : Terry Gilliam a vraiment une façon de rire très sympathique. Venu en invité d'honneur pour chaque séance présentant sa filmographie, le Monsieur de 81 ans s'amuse comme un gosse à chaque pépin technique. On redécouvre avec sa bonne humeur unique tous ses films, dont ce film de carton-pâte bricolé vite fait, avec un casting de personnes de petites tailles, et une épopée onirique, qui ne nous avait pas embarqué la première fois qu'on l'avait vu à la télévision, sur une mauvaise copie DVD de la médiathèque. Même sans la fin, qu'on connaissait, on a vraiment plus aimé cette fois-ci, peut-être davantage à l'écoute de ce que Gilliam appelle "la part d'enfant dans chaque adulte". L'idée du rêve qui se perd dans les nimbes de l'Histoire (avec plusieurs périodes distinctes) est assez bien défendue. On voit une nette différence dans l'intérêt des périodes : celle qui nous a le plus plu est celle du Minotaure et Agamemnon (avec en bonus le sourire très charismatique de Sean Connery !) et à l'inverse celui du géant sorti de l'eau est carrément cheap car on comprend le trucage tout de suite (cela se voit bien trop) : on a filmé un homme en gros plan en contre-plongée avec un chapeau en forme de bateau... Cela fait bricolage, mais le "bricolage bordélique", c'est la signature de Gilliam, on le connaît pour ça, et on l'aime pour ça. Mention à la fin qui est étrangement très cruelle, limite horrible, pour un film tous publics ! Quand à la question du casting de "nains" à l'époque, Gilliam explique qu'il s'est vu refuser tous les plus grands studios pour ce choix-là, mais qu'il sait qu'il a fait le bon choix d'insister, et qu'aujourd'hui heureusement les mentalités ont changé. On lui a appris que Disney venait de licencier les acteurs nains de son prochain Blanche-Neige, pour une question d'image, exactement comme ce qu'il nous a décrit. S'il sait rire strident, Gilliam sait aussi jurer ("F**k Hollywood !!!" Oh f**k, f**k, f**k !!!"). Il nous a dit en rigolant qu'il allait donc devoir s'y coller, encore une fois. La vanne est excellente. Sacré bandit, va !