Le village et le monde, ou comment le chaos du second vient perturber le premier. A vrai dire, même si cela fait cliché de l'écrire, concernant le cinéma africain, Banel & Adama a tout du conte. Moderne, sans doute, mais éternel aussi, puisque pas si loin des thèmes des tragédies grecques. Ils s'aiment fort, nos deux héros, et veulent vivre pleinement leur passion, égoïstement même, pourrait-on dire, un peu en marge de leur communauté, dont ils n'hésitent pas à contester les règles. Le film de Ramata Toulaye-Sy, son tout premier long-métrage, s'attache surtout à Banel : parce qu'elle est la plus forte, la plus rebelle, et que son influence sur Adama est indéniable. Jusqu'à un certain point, évidemment, et c'est tout l'enjeu d'une histoire située au nord du Sénégal, où la pluie ne vient plus, comme une malédiction dont il faut chercher les coupables. Très maîtrisé sur le plan esthétique, y compris dans son goût pour la théâtralité, avec une pincée de fantastique, Banel & Adama s'enferre tout de même un peu dans un rythme répétitif que ne vient pas alléger un excès de symbolisme, au moment du dénouement. Si le film ne convainc pas totalement, il possède cependant une vraie personnalité et laisse espérer que les promesses d'une nouvelle génération de cinéastes africains ne vont pas rester lettre morte, faute de moyens. Parce que l'envie et le talent, eux, ne font pas défaut.