Emmené par la bande originale de White Sea et de sa musique électronique fluide et hypnotique, Bang Gang nous entraîne dans les aventures relationnelles d'une bande d'amis lycéens habitant un quartier pavillonnaire du sud-ouest, non loin de la mer.
D'une caméra très souple et animée, Eva Husson accompagne ses jeunes sujets dans leurs plongées en zones profondes comme dans la superficialité un peu insouciante encore attachée à leur âge. Car ces grands adolescents glissent sur l'existence comme sur les vagues qui s'offrent à leur planche de surf, sans se rendre compte des dangers vers lesquels cette exploration de la vie peut les mener. Qu'ils se déplacent en skate, en vélo ou en mobylette, Eva Husson excelle à capter le mouvement de leur trajectoire, ce glissement un peu irréel, tant il est fluide, dans les artères de leur quartier privilégié.
Sans porter aucun jugement, mais sans toutefois dissimuler les impasses ou les écueils vers lesquels ce comportement peut conduire, la réalisatrice expose la plongée de ses personnages vers un érotisme débridé pour lequel ils ne sont pas encore armés et qu'ils semblent aborder en singeant la gestuelle observée sur internet, source d'information ou bien lieu de déversement auquel ils se montrent toujours prêts à recourir.
Mais son abord n'est ni caricatural ni dichotomique et Eva Husson n'enferme pas ses personnages dans ce qu'elle vient de livrer. Elle ne craint pas de rendre visible l'état de profonde insatisfaction et de grand désarroi dans lequel cette satisfaction intensive de tous leurs sens peut plonger ces jeunes gens. Et l'on finit par découvrir ces grands risque-tout enfin apaisés par une riche relation amoureuse à deux ; ou par une position enfin retrouvée d'enfant, grattant sagement le sable archéologique à côté de sa mère...
Pourquoi pas ? Cette conclusion qu'un regard rapide pourrait accuser de conformisme en dit sans doute long sur les besoins paradoxaux de cet âge oxymorique et dangereux qu'est l'adolescence...