Le mal être adolescent, quel vaste sujet... Quelle période trouble et complexe, on se découvre, on découvre les autres, tout ça, tout ça... Mais, grâce à Dieu, Eva Husson est là pour tout nous expliquer ! Ah oui oui, TOUT ! Rien ne lui a échappé. J'ai eu la chance (la chance ?) de voir ce film en avant-première et j'ai donc eu droit aux commentaires et aux explications de la réalisatrice et de Finnegan Oldfield, un des acteurs principaux du film. Ca m'a plus ou moins achevée. Par où commencer ? Peut-être par les mots de la réalisatrice elle-même, qui prétend ici "dépeindre la classe moyenne" dont elle serait soi-disant issue. Ses origines modestes m'importent peu. Mais la belle maison toute neuve, avec jardin, sur la côté basque... C'est vraiment ça la "classe moyenne" ? Ou encore le château avec des hectares de terrain et une piscine ? Oui, oui, ça doit être ça, plutôt.
Le terme "dépeindre" me choque. Eva Husson nous livre son interprétation de ce qu'est la jeunesse issue de la classe moyenne, soit. Elle fait des choix. Elle ne dépeint certainement pas. Passons sur le fait que tous les acteurs sont beaux, blancs, potentiellement mannequins parce que pas un pet' de gras qui dépasse. Passons, passons...
Avec The Virgin Suicides, Sofia Coppola nous livrait quelque chose d'un peu brut. Je sortais du film avec tout pleins de questions en tête. Parce que tout n'est pas dit, et heureusement d'ailleurs. En regardant Bang Gang, on se sent comme un psychologue de comptoir. On pige tout. Et on pige tout très vite. Après une trentaine de minutes, on a saisi toute la personnalité de chacun des personnages et rien, absolument rien, aucun élément supplémentaire dans le film ne viendra ébranler ces psychanalyses à deux francs.
Alors pour éviter de donner dans le manichéen, Eva nous présente des ados gentils mais un peu méchants mais au fond gentils, qui font semblant d'être méchant. Il y a d'abord cette fille, on se dit que c'est une sacrée allumeuse mais au final non, regardez sous la carapace, oh ! tiens, qu'elle est mignonne et adorable et touchante. Et puis ce garçon, qui couche avec tout ce qui passe mais il y a une raison à tout ça, vous savez, ce n'est pas gratuit, ce n'est pas vraiment un connard. C'est l'argument avancé par l'acteur Finnegan Oldfield : on donne une profondeur au personnage, ce n'est pas "juste" un connard. A l'arrivée, on a, tout au plus, des personnages à deux facettes.


Le personnage joué par Finnegan est peut-être le pire de tous. On se trouve, à peu près, au premier quart du film et Eva Husson nous résume en deux temps trois mouvements toute la personnalité de ce garçon. En littéralement UNE scène, on apprend que : son père a quitté le foyer il y a bien longtemps, sa mère est partie travailler au Maroc, il est livré à lui-même dans une immense bâtisse. Une demie-minute plus tard, il couche sur le canapé avec la petite blonde un-peu-allumeuse-mais-pas-vraiment-en-fait-c'est-une-façade-vous-comprenez. Et puis voilà. Oui, voilà, c'est tout. Le mec est mal dans sa peau, on nous a clairement expliqué pourquoi et il ne sera de nouveau heureux qu'à la fin du film lorsqu'il ira retrouver sa maman. Fantastique. Le mal-être adolescent pour les nuls. C'est tout bête un ado au fond.


On ne peut pas attaquer le film sur l'improbabilité d'un tel scénario puisqu'il est tiré de faits réels. Donc pas touche. Mais bien qu'elle défende l'idée de ne surtout pas porter de point de vue moralisateur, on comprend bien, parce que c'est plutôt clair, que coucher à tout-va comme ça, c'est pas bien. Et puis vous allez attraper la syphilis, grand Dieu ! Pas de panique, c'était juste pour nous faire flipper, en fait tout le monde s'en sort bien, une petite gélule et hop ! tout le monde est guéri. Non, la vraie vie c'est partager de beaux moments de vacances avec Papa et Maman, ou alors vivre à 18 ans complètement nue avec son amoureux dans un appartement à Berlin (wait, what ?).


En bref, j'ai trouvé ce film triste. Le point de vue de la réalisatrice sur la période adolescente est affligeant. Bon nombre de spectateurs dans la salle à ce moment là l'ont chaleureusement félicitée pour son travail et ça me rend d'autant plus triste. Vous sortez de la salle sans aucune question en tête, aucune zone d'ombre, aucun doute. On vous a tout expliqué, vous avez tout compris. La recette pour un adolescent heureux c'est l'amour d'un papa et/ou d'une maman. Et puis du sexe, d'accord, mais du sexe bien, dans les règles de l'art, avec quelqu'un qu'on aime, parce que c'est plus beau, et puis bon voilà quoi.


La bande son est sans surprise. On a droit à de l'électro cool parce que les jeunes ados cool écoutent de l'électro.


J'ai tout de même mis la note de 3 parce qu'il y a, force est de l'admettre, de très beaux plans, de très beaux cadrages, de belles lumières sur des peaux nues. Bref, c'est agréable à regarder, ça ne fait aucun doute.


Je conseille de ne pas payer pour ce film. Moi je ne l'ai pas fait et je m'en félicite.

MaggieMay
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le 12 avr. 2016

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MaggieMay

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