Eva Hausson réalise là son 2nd long métrage. Ok le précédent s’appelait LA RÉVOLUTION SEXUELLE N’AURA PAS LIEU. Tout un programme ? Oui, en effet.
Doté d’un casting enthousiasmant : Finnegan Oldfield (déjà remarqué dans Ni le ciel, ni la terre, Les Cowboys et Geronimo : À SUIVRE DONC), Marylin Lima, Daisy Broom, Lorenzo Lefebvre. Y a du boulot et le film reposant énormément sur ses interprètes, la réalisatrice s’est donnée les moyens.
La photographie aussi vient caresser ses visages juvéniles encore emprunts de la rage et de la passion pures de la jeunesse. Avec son camarade d’école de cinéma Matthias Troelstrup, Eva Hausson paie son tribut au dogme 95 de Lars von Trier en choisissant de baigner dans des lumières naturelles, donnant à ses décors de l’agglomération de Biarritz non pas la parenthèse dorée 24 carats qu’on obtiendrait à Versailles mais plutôt une vision intemporelle et qui ne permet de localiser géographiquement que vaguement.
L’histoire est celle de l’ennui. Des rapports sociaux d’aujourd’hui entre jeunes de 16/18 ans. De la facilité, de la perte de sens mais aussi de la quête, de la reconquête de ses sens justement. Lors d’après-midi et soirées alcool, musique, drogues douces et drogues dures prises récréativement, un jeu dérape et dépasse ses initiateurs. Son initiatrice surtout, George. Une adolescente qui voudrait juste se faire remarquer par celui qui l’ignore. La bulle va flotter un moment puis éclater et réveiller tout le monde.
Eva Hausson ne cache pas une minute son influence Larry Clark/Harmony Korine. Chroniques de l’adolescence. Pas artificielle et montrant des jeunes finalement profondément en quête d’eux-mêmes, dans un monde en prise avec des déraillements de train, la canicule ou la syphillis.
Nous avons souvent vu le sexe au cinéma. LOVE de Gaspar Noé ou l’année précédente le malaise de NYMPHOMANIAC de Lars von Trier. Le rapport à la nudité, le cinéma la pose souvent. Oubliant finalement le côté sculptural qui me permet de faire le lien d’un bond avec le vide intersidéral des orgies. Qu’est-ce qui nous donne des prises solides pour escalader la vie ? Pour ne pas se laisser emporter dans l’oubli du torrent ? J’ai été touchée par Bang Gang et le travail sur la musique qui voit intervenir Schubert au milieu de l’électro ou de Beats party me dit qu’on tient là quelque chose de plus réussi que le mercato raté de Larry Clark et son SMELL OF US.