Le premier opus de Banlieusards, signé Kery James et Leïla Sy et sorti sur Netflix en 2019 m'avait laissé le goût amer de la défaite. Ce goût propre au genre du cinéma de banlieue qui, de Ma 6T va cracker à Divine, rejoue le même drame, la même condamnation qui pèse sur la jeunesse de ces cités. Moi, ça me rend triste. Le second opus de Banlieusards reprend les grands trames narratives du genre (trafic de drogue, délinquance, prison), mais explore cette fois le décor qui ne nous est pas raconté. Celui de personnages secondaires comme les mères et les pères qui trépassent d'angoisse parce que leur fils n'est pas rentré à la maison, ou encore les jeunes filles impliquées dans des actes de délinquance. Cette fois, l'intrigue délaisse Soulaymaan (Jammeh Diangana), frère prodige de la fratrie Traore, au profit des deux autres frères, Demba (Kery James) et Noumouké (Bakary Diombera). A sa sortie de prison, Demba rêve d'un pieu repentir loin des trafics et règlements de compte. Mais la violence le rattrape inlassablement à chaque fois qu'il s'en échappe. Le cadet Noumouké emprunte quant à lui un autre chemin, sous l'influence du groupe, du clan, de l'honneur de la cité qu'il faut défendre au gré de rixes incessantes, et malgré les mises en garde d'une famille Traoré enfin soudée.
Le cycle de la violence ainsi mis en scène ne trouve qu'un rare répit grâce aux plans mélancoliques de Leïla Sy. C'est dommage, car ce qui manque cruellement au film, c'est l'émotion. Le deuil, la santé mentale, le traumatisme, la colère sont évoqués sans jamais être explorés. Le film aurait gagné en épaisseur en délaissant un des fils de l'histoire (la vengeance de Demba en particulier), au profit d'une narration plus lente, plus mélancolique et moins scolaire.
Ancienne fan du groupe Ideal J, je ne peux me résoudre à noter ce film au-dessous de 6/20. Et j'ajouterais pour conclure qu'il me semble que raconter l'expérience de la vie dans une cité de banlieue, c'est risquer de mettre sa créativité au service d'un discours de réparation. Car on parle bien de l'un des territoires les plus offensés de France.