Michel travaille au siège parisien de Planète Assistance,une société qui vient en aide à ses assurés lorsqu'ils subissent un sinistre à l'étranger,mais lui-même déteste les étrangers,les voyages,et il a peur de l'avion.Alors qu'il s'apprête à épouser Isabelle,une charmante hôtesse de l'air sur le point d'abandonner son boulot pour ne plus avoir à s'éloigner de son amoureux,il est obligé à la suite d'un problème professionnel d'aller voyager aux quatre coins du Monde,ce qu'il cache à sa copine qui elle-même prétend rester à Paris alors qu'elle effectue des vols qu'elle doit encore à sa compagnie.Naturellement ils vont finir par se retrouver au même endroit,bien loin de celui où ils sont censés être.Dans les années 70-80 Coluche,mégastar de la scène comique française,était aussi devenu une locomotive non négligeable au cinéma,ce qui avait incité Claude Berri,patron de Renn Productions,à lui faire signer un contrat portant sur plusieurs films et que le comédien n'honorera pas jusqu'au bout pour cause de décès motorisé.C'est par exemple lui,et non Daniel Auteuil, qui devait incarner Ugolin dans le diptyque "Jean de Florette-Manon des Sources".Il a quand même eu le temps de tourner six films pour Renn entre "Inspecteur La Bavure" en 80 et "Tchao Pantin" en 83,dont deux,"Le maître d'école" et "Tchao Pantin",ont été réalisés par Berri en personne."Banzaï" fait partie de cette série de films et c'est la troisième fois que Coluche est dirigé par Claude Zidi après "L'aile ou la cuisse" et "Inspecteur La Bavure".Zidi est également coauteur du scénario avec Didier Kaminka,qui joue dans le film,et Michel Fabre.L'équipe technique est des plus robustes et comprend Jacques Santi,le Tanguy des "Chevaliers du ciel",comme assistant réalisateur,Jean-Jacques Tarbès à la photo,Vladimir Cosma à la musique et Pierre Grunstein,l'habituel complice de Berri,en tant que producteur exécutif.Beaucoup de moyens donc pour cette comédie échevelée nous baladant de Paris à Hong Kong en passant par le Maroc,New York ou l'Afrique noire.Le script est plutôt inégal et alterne séquences désopilantes et gags navrants,scènes d'action de gros calibre et combats totalement ratés,idées formidables et imbécilités notoires,avec en filigrane un discours de nature à horrifier nos progressistes actuels à base de blagues racistes et de xénophobie galopante.Certes,il s'agit ici de dénoncer les préjugés et l'étroitesse d'esprit de beaucoup d'occidentaux de l'époque,mais on n'y va pas avec le dos de la cuiller et la plupart des dialogues ne passeraient pas les contrôles aujourd'hui et n'obtiendraient pas l'imprimatur de la Kommandantur en place.La présence de Coluche dans le rôle principal fait irrésistiblement penser à un de ses sketches dans lequel il disait : "ce que je déteste dans les pays étrangers,en-dehors des étrangers eux-mêmes,c'est qu'ils ne parlent pas français,et selon le pays où tu vas ils ne parlent pas le même étranger".C'est tout-à-fait ça et plonger ce personnage dans tout un tas de situations acrobatiques et dangereuses dans tous les coins mal famés de la planète donne un résultat assez jouissif.Parce que si le fond de l'histoire est anti-raciste,on nous montre cependant un Maghreb sous-développé,une Afrique miséreuse en proie aux guerres civiles,un Harlem complètement délabré et livré aux gangs ou une Asie aux mains des trafiquants de drogue,bref Michel n'a pas vraiment tort de se méfier et les pays visités ont des allures de coupe-gorges.Cette absence de complexes et de politiquement correct rend ce film éminemment sympathique et on n'hésite pas non plus à y ironiser sur les accidents dramatiques subis par les clients de Planète Assistance ou par le héros lui-même.Coluche déploie un abattage monstrueux en trouillard consciencieux qui fait de son mieux pour accomplir sa tâche en toute circonstance,et sa gouaille décontractée fait merveille.Sa fiancée est Valérie Mairesse,actrice alors très hot dans le registre de la sexy rigolote,dont le jeu aléatoire et l'air bêtasse sont relativement compensés par son charme canaille.Didier Kaminka est très drôle en cousin globe-trotter baba cool et profiteur victime de ses manigances et Marthe Villalonga fait son numéro éprouvé de mère gueularde et possessive.Eva Darlan était foutrement canon en ce temps-là et interprète une doctoresse qu'on aimerait bien ausculter tandis que François Perrot,un des spécialistes à l'époque des rôles de notables,est délectable en patron autoritaire.Il y a aussi une excellente Zabou Breitman en bonne copine arrangeante et on voit surgir au détour d'un plan les figures marquantes de Jean-Marie Proslier,André Chaumeau,Baaron,le noir qui frappait le gong et disait "pub!" dans le "Collaro Show",un Christian Charmetant tout jeunot ou Gérard Holtz en présentateur dans la télé.Moins agréable,on doit subir durant quelques scènes la présence crispante de Rachid Ferrache,gamin extrêmement mauvais mais très prisé du cinéma français d'alors,il a même partagé l'affiche avec Belmondo dans "L'as des as".