Ce n'est pas souvent que je m'aventure à aller voir un film le jour de sa sortie.
La salle était remplie de gens dépassant la soixantaine, à moitié sourds (adressant des "j'ai rien compris!" à leurs voisins qui parvenaient aux oreilles de tous), et qui toussotaient toutes les deux minutes. C'était un vrai petit événement.
Pourtant, sur l'écran, c'était un peu l'inverse qui se jouait. Un film discret, presque dans la demi-mesure.
J'ai deux choses à lui reprocher.
D'abord, quand bien même Amalric a voulu montrer une Barbara qui n'est "jamais la même femme", qu'elle soit Brigitte ou Barbara, il l'a représentée comme une figure névrosée, généreuse, décalée. Quand je revois des entretiens de Barbara, ce qui me marque à chaque fois, comme avec ceux de Brel, c'est son exceptionnelle clairvoyance, sa lucidité, son intelligence. Ce sont des aspects qui, je trouve, ont manqué dans le film, tant on y montre ses frasques et caprices. La Barbara d'Amalric ressemble un peu à une star de l'âge d'or Hollywoodien. Avec ses pommettes saillantes, son esthétique noire, son multilinguisme, elle me rappelle la Dietrich (à qui je voue un autre culte, par ailleurs, mais pour bien d'autres raisons; je n'aime donc pas que les raisons se confondent!).
Sur la fin du film, quand le décor disparaît, l'on voit une Barbara plus simple et sincère. C'est peut-être un contraste volontaire, auquel cas, j'applaudis l'idée mais déplore un peu le manque d'équilibre du film qui pendant 1h30 met en scène une Barbara unidimensionnelle.
Autre chose, je sais qu'on l'appelle l'"anti-biopic". Je suis, moi, amateure de biopics. ça fait presque mauvais-genre de dire ça, c'est presque pas acceptable. Mais à partir du moment où l'on comprend qu'il y a une distance entre l’œuvre et l'humain, je trouve qu'il y a tout à apprécier dans l'exercice (quasi-pédagogique) du biopic. Si le procédé qu'utilise Amalric dans Barbara est intéressant, et particulièrement réussi dans les scènes où Brigitte et Barbara fusionnent (pendant la tournée notamment), j'aurais aussi aimé qu'il se laisse aller au "cliché" rien qu'une fois. Juste pour la postérité. Juste pour que Barbara ait aussi son film un peu grandiloquent, pour que les esprits, tous les esprits, soient marqués en son nom.

T-Usk
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le 7 sept. 2017

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