Barbie
5.9
Barbie

Film de Greta Gerwig (2023)

Barbie féministe ? Un peu, beaucoup, passionément, à la folie... ou pas du tout !

Un tout nouveau blockbuster américano-britanique dont le monde ne fait que parler, un synopsis interpelant, c'est parti !


L'histoire se déroule dans un monde parallèle, connecté au notre : BarbieLand. Toutes les Barbie et les Ken y vivent, dans leur bulle de perfection matriarcale et leur univers caricaturale au possible.

Hélas, Barbie stéréotypes rencontre quelques disfonctionnements, liés intimement à des interférences avec le monde réel ; pour résoudre ce problème, il lui faudra se rendre dans notre monde.

Et voilà une Barbie, plongée à contre-cœur dans le vrai monde, confrontée aux regards inhabituellement hostiles et moqueurs, et surtout, à un autre fonctionnement sociétal.

Cela promet d'être joyeux !


J'aimerais aborder en amont un premier point, périphérique à ce film : le déploiement aggressif d'une communication omniprésente.

La campagne marketing a porté ses fruits en ce qui me concerne, comme sur beaucoup d'autres, étant donné que je me suis rendue dans les salles obscures pour aller voir ce fameux long-métrage - tout de rose vêtue, évidement.

En multipliant, et les collaborations avec des marques établies (Zara, NYX, Primark, Burger King Brésil...), et les apparitions dans les médias plus ou moins traditionnel (radios, plateaux télé, réseaux sociaux...), le blockbuster américano-britanique a su s'imposer. Il est rapidement devenu omni-présent, voire envahissant pour les non-fans, faute au mattraquage médiatique.

Autant vous dire qu'ils ne se sont pas contenter de quelques plateaux télé ou radios, ainsi que des interviews YouTube, comme le font la plus part des programmes.

Vous êtes désormais tous au courant de l'existence du film, donc ceux étant potentiellement intéressés sont touchés, entraînant parfois même les moins réceptifs avec eux.

Bref, nous sommes enfin dans la salle, plus ou moins impactés par ce stratagème commercial rudement mené.


Dès la bande-annonce, la même chose vient à l'esprit de tous. L'esthétisme.

Un grand soin est accordé à l'empreinte visuelle du métrage. Que ce soit par les magnifiques tenues largement inspirées de réelles barbies pré-existantes, ou par les décors soignés et réels, évitant au maximum les effets en post-prod - autrement dit, les effets numériques. Nous retrouvons une grande diversité de textures, alternant entre la 2D et la 3D, mais aussi avec des décors réels, créés pour paraître artificiels, comme le ciel.

Les prises de vues sont menées avec un soin évident, de même que le montage qui est remarquablement dynamique !


La première partie du film se déroule à BarbieLand, qui possède ses propres codes qui sont rapidement établis. Et il y a de quoi faire rire. C'est d'un ridicule plus que volontaire, poilant ! L'humour. Voilà l'arme fatale du film, sa plus grande qualité, de même que son concept accrocheur et innovant !

Ce monde est bourré de clichés en tout genre, et le film en joue avec une merveilleuse habilité. Cette société a beau être totalement loufoque, nous ne sourcillons pas ; cela paraît tout naturel dans ce long-métrage.

S'ensuit alors la problématique de Barbie stéréotypes, la Barbie que nous suivrons tout au long de l'aventure.


Par un concours de circonstances, Ken se retrouve à bord de la voiture rose de Barbie, direction le monde réel. Et voilà la seconde partie du film.

Le monde réel est contrastant avec celui de Barbie, sans grande surprise. Tout d'abord visuellement, mais ensuite et surtout, sociétalement. Barbie s'en rend rapidement compte, et doit affronter la critique qu'elle subit, avec un grand effroi. Mais certains sauront peut-être s'en réjouir...


Le film est divertissant, oui, mais pas que ! Il y a une réelle intrigue solide, un rythme dynamique qui sait où se poser, et de l'action ponctuelle. Nous sommes entraînés par l'intrigue, presque malgré nous, dès que l'ambiance s'ancre à nous - une vingtaine de minutes pour ma part.


Au fait, soyez avertis que le film contient plusieurs chansons ! Je ne suis pas très friande des comédies musicales, et pourtant, sans que ces chansons amatrices soient des chefs-d'œuvre, elles ont leur petit intérêt. Elles ajoutent aussi au ton léger qui reste constant, tout le film durant.

La bande originale hors chansons, est composées de musiques finement sélectionnées et particulièrement bien adaptées.


Il manque cruellement pour ma part, d'une ambiance particulière, propre au film. Le concept est unique, l'esthétisme est unique, le ton est unique, mais inexplicablement, l'ambiance ne l'est pas à mes yeux.

Tout est innovant, mais l'ambiance ne l'est pas, peut-être à cause du trop plein de références diverses.


Venons-en à l'un des aspects les plus nobles de ce blockbuster, les personnages. Vous aurez évidement compris que je me réfère à Barbie stéréotypes et à son Ken, les autres poupées faisant office de figurants.

Barbie paraît être une coquille vide en surface, un être parfait, mais elle se révèle heureusement être bien mieux écrite et plus complexe que cela. Dans un monde superficiel, la profondeur de cette poupée ne pouvait pas ressortir, ne pouvait pas rebondir sur un quelconque événement. Il n'y en avait pas ! Tout était parfait. Ainsi, son intérêt réside en un monde complexe qu'elle découvrira en même temps qu'elle-même. Une petite pensée pour les autres Barbie qui n'auront pas ce droit à la découverte de leur intérêt soudain. Compliqué à imaginer, je sais, mais son évolution a été menée avec subtilité.

Ken, lui, découvre un concept qu'il veut calquer : le patriarcat. Le but étant de remplacer un extrême par un autre. Et nous arrivons à la grande partie superficiellement féministe du métrage. Sa tentative d'importation du patriarcat échouera rapidement, aux mains des Barbie et du girl power. L'espace d'un instant, nous aurions pu croire à une fin égalitaire, mais non. En fin de compte, le film reste féministe. Il est à nous d'utiliser un tant soit peu notre cervelle, et de se rendre explicitement compte du ridicule de remplacer un extrême par un autre. L'équité est la solution, nous pouvons comprendre cela via le film appuyé de réflexion, pas grâce au film malheureusement.

Les autres personnages sont bien écrits, mais ne brillent pas de profondeur en vue de leur totale sous exploitation.


Le casting était un élément de vente, et nous ne sommes pas déçus ! Margot Robbie incarne Barbie à la perfection : hilarante malgré elle par son attitude maniérée, sur-expressive en restant authentique et crédible ! Une performance ayant dépassée mes attentes.

Ryan Gosling est tout autant à souligner, par son pouvoir comique remarquable et son éventail inhabituel d'expressions surjouées. Un gros plus pour l'inexploitation quasi totale de son physique avantageux, n'étant pas particulièrement mis sur le devant de la scène.

Les autres noms connus ou non faisant office de figurants remplissent très bien leurs rôles, bien qu'ils soient largement oubliables car constamment relayés au second plan.


La large dimension politique du film est très bien amenée, car elle reste l'objectif même de ce long-métrage. En revanche, je ne trouve vraiment pas cela pertinent.

Normalement, cela ne nous apprend strictement rien. Encore moins en étant abordé de manière si superficielle et marketing.

Car, il faut en être conscient, le métrage est conçu à des fins marketing. Comme tous les films, allez-vous me dire. Et bien oui, mais pas de la même manière.

Ici, c'est purement pour des raisons d'image. Une publicité géante organisée pour promouvoir Barbie, mais une pub bien agréable. Mattel semble vouloir redorer la marque en effaçant l'image hyper-sexualisée de Barbie et se rapprocher du concept d'origine ; une femme multi-carrières , et surtout, in-dé-pen-dan-te, financièrement et émotionnellement.

Cela explique la fin pour le couple mythique dans cette version de l'histoire.


Une fois que tout ça est dit, une question reste inassouvie : à quel public est destiné ce film ? Selon la production, à tout le monde.

Je suis en désaccord. Les jeunes enfants (2 à 6 ans) ne seront pas en mesure de comprendre les dessous de la trame, et passeront donc à côté de tout le but du long-métrage. Ceux un poil plus grands (7 à 10 ans) ne comprendrons pas non plus, mais vous assomerons de questions en prime. Et son potentiel ne sera pas toujours à la portée des pré-ados !

Je dirais alors qu'il devient intéressant à partir de l'âge adolescent, jusqu'à tout âge.

Pour ceux ayant grandis avec les barbies, pas ceux étant encore en train de grandir avec les barbies.

Question genre, ce n'est absolument pas réservé au public féminin. Le rose ne retire pas la mixité des genres en public cible !


Pour achever cette critique, je vous recommande ce film qui est le sujet de toutes les conversations - et je comprend désormais pourquoi ! Il est une bonne piste de réflexion, bien que son intérêt à lui seul reste limité du côté des messages innovants ! De plus, rien que pour le générique de fin, un montage de toutes les barbies référencées, ça vaut le coup ! Je vous souhaite un très bon visionnage.

opaaaale
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le 21 juil. 2023

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