La première partie du film se déroule dans le monde imaginaire de Barbie, une réalité rose en plastique, où tout est parfait, où chaque jour ressemble au précédent. Les Barbies se réveillent, s'envolent de leurs luxueuses villas, font des fêtes au bord de la mer... Toujours souriantes et joyeuses, elles se font courtiser par les Kens, de beaux gosses de plage sans talent dont le seul but est de conquérir les Barbies, mais qui restent toujours sur leur faim. Barbie est médecin, avocate, présidente, lauréate du prix Nobel, tandis que Ken est juste Ken. À tout le moins, ça peut faire rire.
Le film commence à me décevoir dès que Barbie et Ken plongent dans le monde réel. Pourquoi le film a voulu grimper là-haut ? Quel était le besoin ? Là, on assiste à la foire aux stéréotypes sur le féminisme américain et le sexisme. Une soupe de slogans, de scènes évidentes qui font rouler les yeux… A peine quelques minutes dans le monde réel, et Barbie reçoit une tape sur les fesses, elle est arrêtée, elle est harcelée. Ken découvre l'existence du patriarcat, et se rend compte, choqué, qu'en tant qu'homme il peut commander, contrairement à ce qui se passe à Barbieland.
Un film est selon moi, tout d'abord une œuvre d'art. L'art peut éventuellement aussi véhiculer un message, mais je préfère quand ce message n'est pas littéral ; quand c'est la poésie de l'histoire qui fait rêver, quand ce sont les répliques subtiles des personnages qui poussent à réfléchir. Au lieu de cela, minute après minute, j'assiste à des blagues banales, des slogans bon marché comme "Pourquoi Barbie ne m'a-t-elle jamais parlé du patriarcat ?" "Je suis un homme sans aucun pouvoir, est-ce que cela fait de moi une femme ?" Tout le film nous montre à quel point tous les hommes (tant dans le monde réel que dans le monde fictif de Barbie) sont stupides et connards, alors que les femmes sont par définition intelligentes et solidaires les unes envers les autres. Pas besoin d'hommes, ce ne sont que des boulets et des chaînes ! Le féminisme réduit à ces banalités a le pouvoir de m'énerver.
S'ils s'étaient limités à raconter une histoire de poupées dans un monde de poupées, je pense que le film aurait été éclatant. Les acteurs sont incroyables dans leur rôle. Ryan Gosling en particulier est génial, il bouge comme une poupée, j'ai adoré sa performance. Les costumes et les décors sont adaptés à l'univers scintillant et pink de Barbie.
Le film, en substance, m'a paru être un énorme spot publicitaire pour Mattel, l'entreprise qui fabrique les poupées, cherchant à racheter sa position féministe. Une petite leçon sur le sexisme un peu déplacée. Évidemment, j'aurais dû m'y attendre un peu... mais je ne regrette quand même pas d'être allée au cinéma pour le voir !