Je dois bien avouer que, depuis le début de la com autour du film, je suis très hypé par ce projet, en tout cas beaucoup plus que par "Oppenheimer", sorti le même jour (ce qui a d'ailleurs permis de faire encore plus de com autour des deux films). Réalisé par Greta Gerwig, nous suivons ici Barbie, à Barbie Land, qui doit aller dans le monde réel afin de retrouver sa propriétaire, apparemment déprimée. Mais bien-sûr, tout cela n'est pas sans conséquences ! Comme vous l'aurez déjà compris au vu des différents trailers ou même de l'affiche (surtout française avec sa fameuse phrase d'accroche), nous ne sommes pas vraiment ici dans un film pour enfants. Enfin, je dirai que le film ne leur est pas vraiment accessible dans le sens où ils s’ennuieront très vite au bout des vingt premières minutes. Et puis bon, nous avons tout de même pas mal de sous-entendus qui parleront quant à eux beaucoup plus à un public adulte. Car c'est bien évidemment plus qu'une adaptation live du jouet Barbie, le film sert en réalité de prisme par lequel passe un gros discours féministe et tout autres mouvements progressistes qui s'en suivent. Je préviens tout de suite que le tout ne fait pas vraiment dans la subtilité ; tout étant même très grossier avec des dialogues ou des scènes très lourdes de sens. C'est ce qui a normalement tendance à m'agacer car on peut très bien faire un film féministe sans pour autant nous faire un cours moralisateur sur le féminisme et le patriarcat. Seulement ici, ce genre de discours correspond tout à fait à l'univers (comment porter Barbie sur grand écran en 2023 sans passer par là ?), de même qu'il soit très appuyé. Car oui, le film a ici conscience de mettre en scène un jouet assez sexiste ayant eu de nombreuses problématiques au cours de sa carrière et représentant un idéal féminin impossible à adopter (les poupées de couleur ne sont d'ailleurs apparues qu'à la fin des années 90 avec la tout aussi fameuse que scandaleuse "Barbie Oreo" et les Barbies avec des formes plus généreuses ne sont apparues qu'en 2016). Si Warner se moque parfois de lui-même (notamment avec la "Zack Snyder's Justice League" par exemple), Mattel en prend également plein la tronche ! En effet, la société n'hésite pas à jouer le jeu de l'auto-dérision, de dénoncer certaines de ses pratiques sexistes, même si le film ne dupe pas pour autant le spectateur : Mattel tente ici tout simplement de racheter une bonne conscience. Pour en revenir au film lui-même, la première heure et demie est tout simplement un régal ! Entre les vingt ou trente premières minutes nous montrant le monde surfait et kitch de Barbie, en passant par un Ken qui découvre le patriarcat, le film nous offre des scènes hilarantes, tout en faisant très bien passer son message : le monde et la condition des femmes n'a finalement que très peu évolué. Un message d'ailleurs un peu plus sous-jacent mais également très intéressant est la remise en question de la femme elle-même en posant frontalement la question : faut-il avoir un vagin pour être une femme ? Et, si peu subtils soient-ils, tous ces questionnements et messages ont au moins le mérite d'être là, dans un divertissement populaire et grand public, qui plus est une adaptation de Barbie ! Malheureusement, le film n'aurait facilement pu durer qu'une heure et demie. Nous avons en effet les vingt dernières minutes (mis-à-part la chute qui est excellente) qui trainent vachement en longueur et n'apportent pas grand-chose à l'histoire, ce qui est bien dommage ! Concernant le casting, nous retiendrons surtout Margot Robbie et Ryan Gosling qui sont tout simplement excellents dans leur personnage en se donnant à fond. Tout en jouant beaucoup et très facilement sur cette vague "wokiste", "Barbie" apporte un discours intéressant sur la condition féminine, le patriarcat etc. de manière ludique et surtout très divertissante !