C'est une poupée Qui fait "non, non, non, non"

Barbie de Greta Gerwig (et Noah Baumbach son co-scénariste) est une comédie parodique à prendre au second degré ... non, que dis-je ... au millième degré. L'humour débile et le discours enfoncé à coups de marteau sont complètement assumés, pour au final un film Barbie aussi cliché que la poupée elle-même.

Le film est une parodie et dans une parodie, on force le trait au maximum pour dénoncer ce qui cloche dans notre société. Greta Gerwig veut dénoncer le sexisme envers les femmes, le manque de considération et sur ce que c'est d'être une femme aujourd'hui dans notre société ... à savoir, être une mère. Les hommes (moi y compris) n'ont pas forcément la même sensibilité pour comprendre et appréhender le discours d'une femme, parce qu'on ne le vit pas.

Mais les hommes aussi peuvent subir des injustices et que l'inverse du patriarcat n'est pas souhaitable non plus. C'est d'ailleurs ce que tente de démontrer Greta Gerwig avec Barbie Land qui est un essai de matriarcat. On le voit avec le statut des Ken qui n'existent qu'à travers les yeux de Barbie. C'est d'ailleurs très intéressant de constater que les hommes de Barbie Land subissent le même traitement que les femmes dans le monde réel.

La critique du patriarcat vs la critique du matriarcat est très bien trouvé, je trouve ! Ainsi, on s'amuse de voir Ken chercher à obtenir des postes très qualifiés, pour se voir refuser parce qu'il n'a pas les qualifications requises. Venant de Barbie Land, l'aboutissement ultime du féminisme "en carton", Ken s'imagine que dans un monde patriarcal, il peut tout obtenir facilement sous prétexte qu'il est un homme. Seule ombre au tableau, il va s'apercevoir que même dans un monde patriarcal, les hommes doivent acquérir des compétences pour accéder à de hautes fonctions. De retour à Barbie Land, il est tout heureux de s'être senti respecté pour la première fois et pense que sans ce minuscule détail (avoir un doctorat) il aurait pu devenir chirurgien.

Il y a néanmoins plusieurs choses qui me dérangent dans Barbie. Greta Gerwig et son coscénariste abusent du procédé qui veut qu'on brise le "quatrième mur". Quand c'est bien dosé, ça passe ... mais ici, c'est d'une lourdeur ! On parle de Mattel, des poupées et on cite même Margot Robbie ...

Et puis, tout le passage dans le monde réel est assez intéressant du point de vue de Ken, mais Will Ferrel en big boss de Mattel ça ne fonctionne pas. Certaines scènes avec lui sont plus gênantes que drôles. Quant au duo de la mère et de sa fille, elles sont toutes les deux assez insupportables, avec la mère qui se comporte comme une gamine de trois ans et la fille qui est complètement aigrie et blasée de la vie (elle déteste tout, les hommes, les femmes, la société, Barbie ...).

Enfin, pour finir avec les points négatifs, le discours féministe "enfoncé à coups de marteau" n'est pas très subtil du tout. Et histoire de cracher un peu plus sur la licence Barbie ...

Mais sinon, si on oublie le côté moralisateur du film, le délire fonctionne plutôt bien. Le monde de Barbie Land est vraiment bien conçu visuellement et est cohérent (contrairement au monde réel). La mise en scène et la direction artistique sont impeccables. Quant à la performance des acteurs, il n'y a rien à redire, ils sont tous très bons. Margot Robbie est magnifique en Barbie, mais ça ne devrait étonner personne, puisqu'elle était déjà éblouissante dans Babylon. Quant à Ryan Gosling, il est exceptionnel et volerait presque la vedette à tout le monde. On le retrouve en mode comédie et fait preuve de beaucoup d'autodérision, comme dans Nice Guys où je l'avais déjà trouvé excellent.

Au final, que penser de ce Barbie ? Difficile de se prononcer pour ma part, je ne sais toujours pas si j'ai aimé ou pas !? Mais globalement, je dois avouer que je n'ai pas passé un mauvais moment ... sans dire non plus que j'ai passé un très bon moment. En fait, le film Barbie n'est ni bon, ni mauvais ... il est juste moyen. (5.5/10)