Cas difficile, le film Barbie me semble être indissociable de son contexte. Trop politique pour n'être jugé que sur ses valeurs cinématographiques. Commençons tout de même par ce pendant là.
Sur ce sujet, il faut se rendre à l'évidence, c'est particulièrement médiocre. Les choix laissent soit perplexe, soit indifférent. Déjà, il me semble bien que la structure suit quasi mot à mot le voyage du héros. Évidemment rien n'est moins commun pour un film hollywoodien, cependant c'est d'une évidence telle dans ce cas qu'on en voit jusqu'à l'ossature au travers de la peau. Doublant le scénario convenu, on a également un sujet extrêmement plat, et si on peut parfois être surpris de voir un film soulever des questions qu'on n'entend que dans des discussions informelles ou savantes, non commerciales donc, comme de critiquer la structure patriarcale ou de lancer des piques à une société de jouet très identifiée, il faut cependant admettre que cela n'a pas d'impact émotionnel, ça ne remue pas les tripes. Ca sent en fait l'idée lancée en l'air dans une discussion de travail, et qui a fini sur le papier dans son interprétation la plus littérale, sans retouche, sans être mise en situation, ou presque pas. Plutôt qu'un thème à aborder.
Bref, ce sont des idées exécutées, sans supplément d'âme. À ce titre je voudrais évoquer la scène d'ouverture qui a sans doute son intérêt. On site 2001, on fait le parallèle entre la révolution du monolithe et la révolution barbieesque, cependant cette scène n'est au final rien d'autre qu'une référence, une idée sympa qui aurait sans doute servi comme vidéo youtube amusante, ou encore comme bande séparée du film. Parce que comme pour la référence à Matrix (qui en plus se voit accompagnée d'une explication comme si on avait besoin d'une explication de Matrix), tout ça ce sont des clins d'œil appuyés (je n'ai pas d'expression sous la main pour parler d'une chose telle mais toute subtilité en moins) extrêmement peu pertinents dans l'intrigue. C'est peut-être méchant mais si c'est ce qu'ils peuvent faire de mieux, il vaut mieux laisser la main à quelqu'un d'autre. Et ce manque de subtilité, de travail dans l'intégration se retrouve à son point culminant dans la tirade sur la difficulté d'être une femme (ou une Barbie), où on voit clairement que les auteurices n'en ont rien à foutre de nous sortir quelque chose de fluide et d'émotionnellement touchant. Genre le listing bien crasse dans ta gueule.
Bon par contre il y a un truc qui marche bien, et c'est le personnage de Ken. Parce qu'il est drôle, qu'il est loufoque, et qu'il est dans un vrai désarroi. Parce que oui, le but de Ken c'est d'être le keum à Barbie alors comment il fait si rien ne se passe? Et son parcours est bien plus prenant que le récital de petites remarques qu'on a par ailleurs.
Pourtant je pense que le film, de par cette simplicité dégueulasse parvient tout de même à faire passer son message, et oui c'est dégueu de prétendre au noble titre d'art cinématographique, mais le fait est qu'il a été vu par plein de monde et que plein de monde a entendu la tirade de la complainte, donc l'expression la plus directe et la moins subtile (donc la plus simple) de sources de mécontentements féminins. Donc l'intention politique est très efficacement exécutée. Par contre, niveau cinéma, c'est à chier (sauf pour Ken).
Edit: en fait je pense que la production a du être rushée. Les idées sont si peu digérées, si peu adaptées et jetées les unes sur les autres... clairement ça n'a pas maturé.